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Reportage Guerre en Ukraine : "Mieux vaut souffrir du froid que vivre avec les Russes", assure Tatiana, relogée dans des préfabriqués offerts par la Pologne

Article rédigé par Agathe Mahuet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Près de 100 personnes vivent déjà dans des préfabriqués polonais à Boutcha, en Ukraine.  (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)

Parmi les dizaines de milliers d'habitants déplacés depuis des mois, certains ont trouvé refuge dans des petites maisons financées par Varsovie. Elles sont installées tout autour de la capitale ukrainienne.

Déjà un mois que Tatiana vit dans cette maisonnette de Boutcha, après avoir fui le Donbass. "Là-bas, j'avais deux maisons, se remémore l'Ukrainienne. L'une est maintenant en zone occupée, l'autre est sur la ligne de front." En Ukraine, des dizaines de milliers d'habitants sont, depuis des mois, "déplacés au sein de leur propre pays".

>> Guerre en Ukraine : face au froid et aux pannes de courant, plongée au cœur de ces "lieux d'invincibilité" installés partout dans le pays

Certains d'entre eux, dont Tatiana, ont trouvé refuge dans des préfabriqués offerts par la Pologne. L'État limitrophe a investi 67 millions d'euros dans la mise en place de ces habitats ukrainiens. En banlieue de Kiev, des centaines de ces petites maisons, ont été assemblées dans la gadoue et la neige pour l'hiver. À Irpin, Varsovie a financé 160 lotissements de fortune, à 27 000 euros l'unité.

"Nous sommes obligés de mettre cinq couvertures sur nos petits vieux !"

Tatiana partage une chambre avec sa mère malade de 68 ans. Une pièce étroite, qu'elle éclaire à la lueur d'une lampe-torche, car la solidarité polonaise n'avait pas prévu les frappes russes sur les centrales électriques et, sans générateur adapté, Tatiana et ses voisins sont privés de courant, parfois vingt heures par jour. "Les murs sont mal isolés parce qu'il n'y a pas de fondations, donc il fait froid. Nous sommes obligés de mettre cinq couvertures sur nos petits vieux !", déplore-t-elle.

Tatiana, 44 ans, a fui sa région du Donbass et partage une chambre étroite avec sa maman de 68 ans, à Boutcha, en Ukraine. (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)


Des fleurs de papier crépon, jaunes et bleues, égaient le blanc des murs. L'Ukrainienne a fixé une guirlande électrique qui dessine un sapin de Noël. Elle est éteinte, forcément. Juste à côté, la jeune femme a collé les photos de sa vie d'avant, d'elle et son mari, prisonnier depuis six ans dans le Donbass et torturé par les Russes. La dernière fois que Tatiana a pu lui téléphoner, c'était en juillet 2022.

Un toit pour l'hiver

Dans la cuisine collective plongée dans l'obscurité, sa voisine Olena, originaire de Kherson, se verse un café brûlant : "Les gens de l'immeuble d'à côté ont du gaz. Ils nous font bouillir de l'eau et nous l'apportent dans des thermos." L'hiver s'annonce compliqué. 

"Il fait la même température dans nos chambres que dans le frigo."

Tatiana

à franceinfo

Tatiana n'en finit pas de remercier la Pologne. "C'est grâce aux Polonais que j'ai un toit sur ma tête à Boutcha, reconnaît-elle. Alors, oui, peut-être que ces préfabriqués ne sont pas totalement adaptés à l'hiver, mais qu'est-ce qui empêche la France d'en construire des plus modernes ?" Un refuge provisoire qui risque de durer. "Mieux vaut souffrir du froid que vivre avec les Russes", souffle l'Ukrainienne.

Pour passer l'hiver, des milliers d'Ukrainiens relogés dans des préfabriqués – reportage d'Agathe Mahuet

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