: Reportage Guerre en Ukraine : "Pour un de nos tirs, nous en recevons trente des Russes en retour, nous avons besoin de chars"
Si l’armée ukrainienne a annoncé une contre-offensive fulgurante dans l’est et le sud du pays, sur le terrain, à Mykolaïv, certains expriment leur extrême prudence : affaiblie, l’armée russe dispose toutefois d’une artillerie extrêmement puissante.
La contre-offensive ukrainienne est fulgurante : au total, "depuis le début du mois de septembre, nos soldats ont déjà libéré 6 000 km2 de territoire ukrainien dans l'est et le sud, et nous continuons d'avancer", a ainsi déclaré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky lundi 12 septembre dans une vidéo. Assisterait-on à un tournant ? Sur le terrain, on se montre extrêmement prudents, conscients que si la Russie est certes affaiblie, son artillerie reste extrêmement puissante. L’état-major ukrainien a verrouillé pratiquement toutes les communications et il est interdit aux journalistes de rejoindre la ligne de front.
Les troupes avancent mais rien n'est gagné
A Mykolaïev, dans le Sud de l’Urkaine, celui que nous appellerons Youri, proche du commandement des troupes ukrainiennes dans la région, confirme : les troupes avancent sur le front sud, mais rien n’est encore gagné pour autant : "Je vais vous dire quelle est la situation pour que vous compreniez pourquoi nous vous demandons de l'artillerie lourde. Pour un de nos tirs, nous en recevons trente en retour", explique-t-il.
"Il nous faut bien plus pour réussir vraiment notre offensive : nous avons besoin de chars."
Yourià franceinfo
Si l'armée ukrainienne parvient à avancer, c'est notamment grâce à ses services de renseignement et à la motivation de ses combattants. Mais Youri l'affirme : l'artillerie russe reste un mur. "Il nous manque des soldats capables de manier les chars, ainsi que des artilleurs et des chauffeurs", poursuit ainsi Youri.
Vitaly Kim, le gouverneur de Mykolaïv, confirme : la Russie, certes affaiblie, reste infiniment plus puissante. "Les occupants russes ont énormément d'hommes ainsi que des stocks de munitions très importants, souligne-t-il. Mais notre armée utilise beaucoup le renseignement et tente de piéger l'adversaire. Nous tentons d'utiliser nos têtes pour l'emporter."
Parmi les menaces, l'artillerie russe et la Crimée
Parmi les menaces qui pèsent sur la contre-offensive ukrainienne, l'artillerie russe, mais aussi la Crimée, depuis laquelle, à distance, la Russie bombarde les troupes et les infrastructures ukrainiennes.
Youri est un homme fortuné et à sa manière, il contribue à motiver les combattants ukrainiens en leur versant une prime d'environ 1 000 euros pour chaque hélicoptère russe abattu.
"Il faut contribuer à motiver les troupes ! Cette prime est ma manière de montrer ma gratitude envers ces gars qui sont dans les tranchées, ainsi que ma reconnaissance et mon respect."
Yourià franceinfo
Ces primes ne seront évidemment pas suffisantes. À l'Occident, il martèle ce message : "Je vous en prie, aidez-nous à renforcer notre défense aérienne : nous vous demandons encore et encore." Cette contre-offensive est le moment ou jamais pour sauver l'Ukraine avant l'hiver, murmure-t-on beaucoup en Ukraine. Et cet appel à l'aide, Youri entend, plus que jamais, le faire passer.
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