: Reportage "Il faut recommencer notre vie à zéro" : des habitants de Borodyanka, au nord-ouest de Kiev, découvrent leur logement détruit
Les destructions se poursuivent en Ukraine. Le passage des troupes russes à Borodyanka a laissé une ville défigurée. Près de 40% des bâtiments ont été touchés et certains habitants n’ont plus rien.
Des immeubles en partie effondrés, certains pulvérisés… En quittant Borodyanka, au nord-ouest de Kiev en Ukraine, les Russes ont laissé dans leur sillage une ville meurtrie et défigurée. La reconstruction commence petit à petit, mais pour certains immeubles, il n’y a plus rien à faire. Près de 40% des bâtiments sont touchés.
"Quatre heures après que nous sommes partis, ils ont tout bombardé", raconte Oleskander qui regarde très ému son immeuble éventré. "Je suis venu voir mon appartement. J’ai mal au cœur. C’est au septième étage. Tout est détruit, constate-t-il des sanglots dans la voix. C’est dur. On n’arrive pas à réaliser qu’une chose pareille puisse arriver."
L’escalier est encore là. Nous montons avec lui. Son appartement est carbonisé. "Regardez ! Ça c’était ma salle de bain, ça ma cuisine. C’était le frigo ici, la chambre, là !", décrit-il. Mais derrière le mur, c’est le vide. "J’ai vécu ici pendant 30 ans, les enfants, moi… Tout a brûlé. La bombe a traversé tout l’immeuble." Des voisins restés sont morts. Il est trop dangereux de s’éterniser. Nous redescendons.
Oleskander aperçoit le parrain de ses enfants. Viktor, 56 ans, habite une petite maison, elle aussi touchée par le souffle de l’explosion. "Entrez !, nous invite-t-il tout en prévenant : Ne tombez pas. Le toit est abimé."
"Nous sommes partis à 7h10. À 7h40 il y a eu l’explosion", raconte à son tour Viktor. Dans un coin de la pièce, une planche de bois est tombée sur le berceau de son petit-fils d’un 1 an et deux mois. Il répète un peu hébété la question qu'on lui a posé : "Qu’est-ce que je peux ressentir ? Il faut recommencer notre vie à zéro, à mon âge. On n’a même pas eu le temps de prendre le tensiomètre de la grand-mère. On est parti habillés comme on était. Là, on essaie de récupérer des documents, des photos. Qu’est-ce qu’on peut y faire ? La vie continue", conclut-il fataliste.
Derrière la maison soufflée, le jardin de Viktor est miraculeusement intact, protégé par le garage presque effondré. Comme un symbole, comme le signe qu’il faut avancer malgré la tragédie. "Et ça, ce n’est rien. J’ai mon jardin d’iris !, s’exclame Viktor qui ne cache pas sa fierté. 300 variétés, une collection ! Fin mai, vous pourrez revenir, nous invite-t-il. Tout ça aura fleuri. Là, il y a la guerre mais ça c’est la vie qui continue."
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