Reportage "Je me mets à paniquer parfois" : en Ukraine, des femmes se préparent à l'idée d'être enrôlées pour renforcer l'armée

L'Ukraine lance un plan de recrutement d'au moins 500 000 personnes pour faire face à la guerre contre la Russie. Kiev pourrait notamment enrôler beaucoup de femmes, car l'armée manque surtout de personnel médical.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Alexandra, une dentiste de 32 ans, dans son cabinet de Kiev en janvier 2024. (MAURINE MERCIER / RADIOFRANCE)

C’est le sujet qui angoisse particulièrement cette semaine les Ukrainiens et Ukrainiennes : l’armée manque de soldats. Kiev annonce devoir en recruter au moins 500 000 pour faire face à la Russie.
Le gouvernement doit proposer un nouveau texte dans les jours à venir et le flou règne concernant les femmes. Jusqu’ici, seules les volontaires ont intégré l’armée. Mais le personnel médical manque au point que celles qui œuvrent comme infirmière, docteur ou dentiste pourraient être enrôlées.

Dans un cabinet dentaire de Kiev, Alexandra, dentiste de 32 ans, est penchée sur son patient. Elle tente de se faire à l’idée : si on l’appelle, elle acceptera de partir à la guerre. "Je n’ai pas d’enfant. Ce serait évidemment pour moi une forme de sacrifice. Mais il vaut mieux que ce soit des femmes comme moi qui y aillent, plutôt que des mères." 

"Je tente de me préparer mentalement"

À ses côtés, sa collègue Julia, 31 ans. Des plaques rouges se forment sur son cou à cause du stress, dit-elle, brisée par le simple fait d’évoquer le sujet. "On est humains, on veut tous vivre notre vie. On ne veut pas mourir." La trentenaire est constamment rattrapée par la guerre. Elle a dû fuir sa ville désormais occupée par la Russie et s’est réfugiée à Kiev avec sa famille. Et maintenant elle attend avec angoisse cette loi. Julia a peur à Kiev, alors s’imaginer sur une ligne de front, infiniment plus dangereuse, non. Elle craint évidemment de perdre la vie, mais aussi d’abandonner sa famille. 

"J’ai évacué ma mère et ma grand-mère qui a le cancer. Je suis la seule personne qui les soutiens financièrement. Je ne suis pas prête à les quitter ainsi et les laisser pour aller à la guerre."

Julia, 31 ans

à franceinfo

Sur le front, le personnel médical manque cruellement. Sofia le sait : elle s’apprête à quitter pour quelques jours l’Ukraine. Psychiatre à Lviv, elle soigne les soldats victimes de stress post-traumatique
Cette loi, elle l’attend aussi avec angoisse. "Je tente de me préparer mentalement, étant donné que je n’ai pas d’enfant. Je tente de me préparer au fait qu’ils finissent par m’appeler. Il faudra qu’ils nous entraînent avant. Je me mets à paniquer parfois. Mais il nous faut nous préparer. À ce que tout le monde dans le pays finisse par être obligé de partir à la guerre."

Sofia, rêve aussi d’avoir un jour des enfants. Elle a 28 ans. Comme tant de jeunes Ukrainiens et Ukrainiennes, elle attend le nouveau projet de loi sur la mobilisation qui doit tomber dans quelques jours seulement.

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