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Reportage "Les sonars détruisent leur oreille interne" : en mer Noire, les dauphins victimes collatérales de la guerre en Ukraine

C’est une conséquence de la guerre et la preuve, s’il en fallait une de plus, de l’extrême présence militaire en mer Noire : les dauphins meurent massivement depuis le mois de mars. En cause, les sonars, qui détruisent leur oreille interne. 

Article rédigé par franceinfo - Julie Pietri et Arthur Gerbault, édité par Théo Uhart
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un dauphin mort et échoué sur une des rives de la Mer noire.  (Ivan Rusev / DR)

Sur son téléphone, le scientifique ukrainien Ivan Rusev conserve les photos des dauphins échoués ces derniers mois. "J'en ai beaucoup, raconte-t-il en les faisant défiler. Ça, c'est le dernier." Un dauphin sans blessures apparentes ni aucune plaie typique provoquée d’habitude par les filets de pêche.

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Au total, au moins 5 000 échouages ont été repérés sur les côtes par les scientifiques turcs, roumains, bulgares et ukrainiens qui parlent d’un chiffre "terrifiant". La population de dauphins de la Mer Noire est estimée à environ 250 000 animaux. Les décès représenteraient donc déjà près de 2% de la population total des cétacés en mer Noire.

Les dauphins "sensibles aux sonars" utilisés par les militaires en mer Noire

Ces décès sont dus à la très forte présence militaire dans la mer Noire, qui est devenue trop bruyante pour les mammifères. "Les dauphins sont très sensibles aux sonars, à certaines ondes", explique le scientifique.

"Les sous-marins russes, pour se diriger, utilisent des sonars très puissants. Cela détruit leur oreille interne. Ce traumatisme acoustique détruit leur sens de l’orientation. Les dauphins n’ont plus aucune chance d’attraper des poissons."

Ivan Rusev

à franceinfo

Or, comme l'explicite Ivan Rusev, "chaque jour, les dauphins ont besoin de 25 à 30 kilos de poissons. Sans ces poissons, ils maigrissent, leur système humanitaire flanche, et les dauphins meurent d’infection." "C’est très triste que nous n’ayons pas le pouvoir, aujourd’hui, d’aider la nature", regrette-t-il.

"On ne peut pas estimer tous les dégâts"

"On ne peut pas estimer tous les dégâts", s'inquiète Iryna Vykhrystiuk, directrice de la réserve naturelle des Limans de Tuzly, qui couvre 28 000 hectares. "C’est après qu’on va les evaluer et je pense qu’on sera horrifiés. La nature a une capacité énorme de régénération mais il faudra créér les conditions pour ça."

Iryna Vykhrystiuk et Ivan Rusev dans la réserve naturelle des Limans de Tuzly, au bord de la mer Noire en Ukraine. (JULIE PIETRI / RADIO FRANCE)

Ils le savent, le message des scientifiques est difficilement audible, en pleine guerre, alors que des humains meurent et sont blessés chaque jour. Mais ils veulent continuer à défendre leur projet, qui paraît aujourd'hui bien audacieux : créer, à la fin de la guerre, une gigantesque aire marine protégée, autour de l’île aux serpents à 50 km de là. Une zone précieuse pour les oiseaux sur leur route migratoire mais aujourd’hui surtout un site stratégique militaire, conquis par les Russes, puis repris par les Ukrainiens. 
 

Ukraine : les dauphins victimes collatérales du conflit - Reportage de Julie Pietri et Arthur Gerbault

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