Reportage "Nous ne voulons pas en parler" : dans les rues de Moscou, les habitants oscillent entre indifférence et ignorance après l'offensive ukrainienne

Une semaine après le début de l’incursion des forces ukrainiennes dans la région de Koursk, les Moscovites restent placides. Rares sont ceux qui osent donner leur avis au micro d’un journaliste étranger.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Passants dans les rues de Moscou, le 23 juillet 2024. (ALEXANDER NEMENOV / AFP)

À environ 600 kilomètres des combats sur le territoire russe, le contraste est saisissant. Dans les rues de Moscou, aucune agitation. Rien ne laisse croire que le pays est en guerre. À la mi-août, les Moscovites profitent d’une douce soirée d’été et rares sont ceux qui souhaitent s’exprimer sur ce qu’il se passe dans la région de Koursk. "Nous ne voulons pas en parler", explique une Moscovite.

"Ça ne nous intéresse pas. Ils bombardent encore ? Alors ainsi soit-il !"

Un habitant de Moscou

à franceinfo

Certains ne sont même pas au courant de l'offensive ukrainienne. "Ils bombardent ?  On ne sait même pas ce qu'il se passe. Ça ne nous intéresse pas", déclare un habitant de la capitale russe. Cette indifférence est-elle feinte pour mieux éviter de répondre à des questions qui dérangent ? Difficile d’en juger.

Les Russes, dans leur immense majorité, n’aiment pas se prononcer sur ce conflit lorsqu’ils sont pris au dépourvu. Mais à force d’insister, on finit quand même par obtenir de vraies réactions. "C’est probablement une manœuvre de diversion parce que le New York Times et tous les médias disent que, sur le plan militaire, ça n’a aucun sens", déclare un Moscovite.

"Que cherchent-ils ? Une position favorable pour négocier, probablement !"

un Moscovite

à franceinfo

Mais cette reconnaissance implicite des possibles buts de guerre ukrainiens n'est pas forcément partagée. "Ça pourrait être une sorte de Pearl Harbor. Deux bombes atomiques sont ensuite tombées sur le Japon. Mais j’espère qu’il n’y a pas de gens aussi fous au sein de nos autorités", enchaîne un autre habitant.

Cet échantillon de réactions illustre bien la diversité des points de vue de la rue moscovite. Mais cela montre surtout que la population a intégré le fait que donner son avis publiquement, à un journaliste étranger de surcroît, peut valoir des ennuis.

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