: Reportage "On ne perdra rien à jeter leurs livres" : des écoliers ukrainiens chassent les ouvrages russes pour les recycler
À Trouskavets, une petite ville thermale des Carpathes à l’ouest de l’Ukraine, trois écoles sont en lice avec un objectif : récolter en quatre jours un maximum de papiers à recycler, de préférence imprimés en langue russe. L’opération, qui vise à soutenir l'armée ukrainienne, a été sobrement baptisée "Littérature ennemie contre drones". "On a commencé à collecter des papiers usagés, mais le premier jour on n’en trouvait pas beaucoup, raconte un jeune homme. Quelques livres, des vieux carnets et des cartons… Mais on n’a pas baissé les bras !"
"Les jours suivants, on a fait le tour de tous les endroits possibles dans notre ville, les magasins, les bureaux de poste, et les bibliothèques des centres de cure", poursuit sa comparse. Danylo et Anna font partie de la classe gagnante, grâce à deux tonnes et demie de papiers récoltés, dont une bonne partie d’ouvrages russes. "On a libéré nos bibliothèques de la littérature russe, ça fait de la place pour nos auteurs et nos livres ukrainiens !", se réjouit une jeune fille. "Les Russes détruisent notre pays, ils tuent nos citoyens, rasent nos villes. On ne perdra rien à jeter leurs livres et à ne plus jamais les lire", appuie une autre.
Même la professeure de littérature Lesya Kravtchouk en a profité pour faire du ménage dans sa bibliothèque. Elle a lu les classiques russes et les a étudiés, elle peut encore les citer de tête, mais désormais c’est la guerre. "Ça a été douloureux bien sûr, confie-t-elle, mais le plus douloureux c’est quand nos envahisseurs occupent nos villes. La première chose qu’ils font, c’est de brûler nos livres, notre histoire, et tout ce qui est lié à l’identité ukrainienne. Ça fait mal".
Une guerre culturelle et linguistique
L’opération a été proposée aux écoles de Trouskavets par un groupe de volontaires dont fait partie Yvan Jouk, convaincu lui aussi que c’est une guerre culturelle et linguistique qui oppose Russes et Ukraniens.
"Cette action était symbolique du fait qu’on peut battre l’ennemi avec ses propres armes."
Un volontaire à l’origine de l’opération "Littérature ennemie contre drones"à franceinfo
"La littérature russe a toujours été une arme pour nous dominer, dénonce Yvan Jouk. On a retourné l’arme de l’ennemi contre lui, en la transformant en drones". À l’arrivée, deux drones d’attaque ont pu être achetés et offert à l’armée ukrainienne pour 12 tonnes de papiers collectés, qu'une entreprise locale a recyclée... en papier toilette.
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