: Reportage "On peut mourir à n'importe quel moment et n'importe où" : dans le Donbass, la résignation des habitants dans l'attente de l'offensive russe
À Lyssytchansk (Ukraine), les habitants sont pris dans le conflit russo-ukrainien depuis 2014. Fatalistes, ils attendent l'offensive promise par Moscou sans grand espoir.
Lyssytchansk, en Ukraine, est une ville marquée par des années de guerre. Les traces des bombardements sont partout, les immeubles criblés d'impacts. La ville vit au rythme de la guerre depuis 2014 et les velléités d'indépendance des séparatistes pro-russes, situés juste à côté. La situation ne s'est pas arrangée depuis la fin du mois de février et l'offensive de la Russie en Ukraine car Lyssytchansk est désormais aussi près de la ligne de front.
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C'est dans ce paysage de désolation, régulièrement la cible de l'artillerie, que Lydia est sortie quelques minutes pour donner à manger à des chiens abandonnés par ceux qui ont fui en direction de l'ouest du pays. "Hier, un homme est mort là, juste à l'angle. Il a été tué lors d'un bombardement alors qu'il allait vers l'abri souterrain", raconte celle qui fait partie des rares civils encore présents. "Ça, c'est une bombe. Je ne sais pas ce que c'était exactement mais elle vient d'exploser. J'ai peur. Je vais nourrir les animaux et je rentre chez moi."
Comme elle, les quelques habitants restés ici attendent, résignés, l'offensive promise par Moscou, pendant que l'armée ukrainienne renforce chaque jour un peu plus ses positions. Terrés chez eux, ils marchent d'un pas rapide lorsqu'ils sortent. "Ils bombardent les civils", se désole Loubov, une retraitée distancée par sa jeune fille. "Ils devraient épargner les personnes âgées, les enfants ou les jeunes, comme ma fille. Qu'est ce qu'elle a fait pour mériter ça ?" La guerre lui paraît totalement absurde.
"Je ne comprends pas cette guerre et je ne la comprendrai pas. C'est stupide. Avant, c'était magnifique, paisible et formidable."
Loubov, retraitée qui vit à Lyssytchanskà franceinfo
Nina avance péniblement en direction de son immeuble, où elle est née il y a 61 ans. Elle fait partie des rares civils encore présents dans la ville. "La situation est horrible. Je ne peux même pas la décrire", témoigne-t-elle, affirmant avoir pris l'habitude "de rentrer la tête quand il y a des bombardements". En vain. "Ça ne sert à rien. On peut mourir à n'importe quel moment et n'importe où."
Elle évoque "un cauchemar". "On survit grâce à l'aide humanitaire. On manque de médicaments et de nourriture." Elle se dit cependant convaincu que l'Ukraine s'en sortira. "Poutine va se casser les dents et elles vont rester coincées dans sa gorge."
"Poutine va se casser les dents et elles vont rester coincées dans sa gorge" dit Nina qui survit grâce à l'aide humanitaire à #Lyssytchansk dans le #Donbass #Ukraine️ #GuerreEnUkraine pic.twitter.com/q0eX5BNtsF
— Gilles Gallinaro (@GallinaroG) April 15, 2022
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