Reportage "Tout ce qui est lié à la Russie, ça n'existe plus" : ces Ukrainiens ont célébré leur premier Noël un 25 décembre

Depuis juillet dernier, l'Ukraine a adopté le calendrier grégorien, se détachant ainsi un peu plus de la Russie. Pour la première fois cette année, le pays célèbre officiellement Noël un 25 décembre.
Article rédigé par Claude Guibal - Yachar Fazylov
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Une fidèle dans l'église Saint-Michel de Kiev, décembre 2023. (CLAUDE GUIBAL / RADIOFRANCE)

L’Ukraine fête pour la première fois Noël un 25 décembre, et non le 7 janvier comme c'était le cas jusqu'à présent, et comme c'est le cas en Russie. Une manière pour Kiev de rompre encore un peu plus avec Moscou.

Dans la pénombre de l'église Saint-Michel de Kiev, Zoya se signe et prend un cierge. Toute sa vie, elle a fêté Noël le 7 janvier. Mais à presque 70 ans, c’est une époque révolue : "Désormais, nous ne le fêterons plus que le 25. Tout ce qui est lié à la Russie ça n’existe plus. Pour ma famille et moi, en fait, la Russie est morte. Je ne les considère pas comme des humains parce que les humains ne peuvent pas se comporter ainsi... Nous tuer pour rien. Encore maintenant, on ne comprend toujours pas pourquoi ils nous tuent."  

"Le patriarcat de Moscou s'est approprié l'Eglise ukrainienne"

C’est par une loi adoptée l’été dernier que Noël est désormais officiellement célébré le 25 décembre, abandonnant le calendrier julien de l’orthodoxie russe pour adopter le calendrier grégorien, comme les Européens. C’est en 2019 que le schisme a eu lieu dans la foulée de la guerre du Donbass et l’annexion de la Crimée. À Kherson, dans le sud du pays, le père Nicodème a été un des premiers religieux de l’Eglise ukrainienne à quitter le giron du patriarcat de Moscou : "L’Ukraine a longtemps été occupée par la Russie. Ce n’est pas seulement une occupation territoriale, mais aussi culturelle et spirituelle. Autrefois, le patriarcat de Moscou s’est approprié l’église ukrainienne et a essayé de déraciner les particularités de cette église."

Le père Nicodème, évêque de l'église orthodoxe nationale d'Ukraine à Kherson. (CLAUDE GUIBAL / RADIOFRANCE)

Pendant les neuf mois d’occupation russe à Kherson, le père Nicodème n’est jamais parti. La liturgie en ukrainien, les homélies exaltant l’indépendance, la nation. Pour lui, la décision de changer la date de Noël n’est qu’un retour à la tradition pré-soviétique : "Notre église est passée au nouveau calendrier. En fait, il n’est pas nouveau, mais plutôt normal, puisqu’on fête Noël le 25 décembre, comme ça aurait toujours dû être. Ils répètent qu’on est des peuples frères. Mais on est des peuples totalement différents. Et la guerre qu’on vit en ce moment est une guerre idéologique." Pour le père Nicodème, il s’agit désormais d’accomplir la "désoccupation" spirituelle du pays. Bon nombre d’Ukrainiens peinent encore à abandonner la tradition.   

Ces Ukrainiens ont célébré leur premier Noël un 25 décembre : le reportage de Claude Guibal

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