Sécurité, Crimée, troupes... Où en sont les négociations entre l'Ukraine et la Russie ?
Les deux belligérants ont fait quelques progrès lors de leur rencontre à Istanbul (Turquie), marquée notamment par l'annonce russe de retrait partiel des troupes à Kiev et Tchernihiv.
C'est peut-être la première fois que les discussions entre l'Ukraine et la Russie livrent des signaux encourageants – le négociateur en chef russe, Vladimir Medinsky, a lui-même qualifié ces pourparlers "constructifs". Les deux délégations se sont de nouveau réunies, mardi 29 mars à Istanbul (Turquie), pour tenter de trouver une conciliation.
Annonce principale de la journée, la délégation russe a promis un retrait drastique de ses troupes dans les régions de Kiev et de Tchernihiv. Le matin même, le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, avait déjà annoncé que Moscou se concentrerait désormais sur son "objectif principal", à savoir "la libération du Donbass." Cette annonce doit être accueillie avec prudence, et doit surtout être confirmée sur le terrain. Si c'était le cas, cela serait un tournant dans cette guerre débutée le 24 février.
Pour la première fois, la partie russe a également évoqué la possibilité d'une rencontre entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky à condition, toutefois, que les conditions pour la signature d'un accord de paix soient réunies. La partie ukrainienne, qui réclame une telle rencontre depuis longtemps, estime de son côté que les résultats acquis à Istanbul sont aujourd'hui "suffisants pour une rencontre au niveau des chefs d'Etat".
Kiev réclame "des garants" pour sa sécurité
Bien consciente que l'Otan ne lui ouvrira pas ses portes, l'Ukraine pourrait envisager un statut neutre. Mais avant cela, elle veut évidemment de fermes garanties sur sa sécurité. Le négociateur David Arakhamia réclame ainsi un "accord international", dont seraient signataires plusieurs pays garants : le Conseil de sécurité de l'ONU, les Etats-Unis, la France, la Turquie, l'Allemagne, le Canada, la Pologne et Israël. Kiev souhaite reprendre le mécanisme de l'article 5 de l'Otan, dit de "défense collective". Les "garants" seront liés par cet accord de protection et devront se réunir sous trois jours en cas d'agression de l'Ukraine, puis lui fournir une assistance militaire et mettre en place une fermeture de l'espace aérien.
Avec de telles garanties, l'Ukraine "ne déploiera sur (son) territoire aucune base militaire étrangère" et ne rejoindra "aucune alliance militaro-politique", a souligné un autre négociateur, Olexandre Tchaly. Des exercices militaires pourraient néanmoins être organisés en Ukraine avec l'accord des pays garants, a-t-il précisé. Kiev demande également que cet accord international n'interdise en rien l'entrée de l'Ukraine dans l'UE, et que les pays garants s'engagent à contribuer à ce processus. La Crimée et le Donbass seraient "temporairement exclues" de cet accord, tant que leur sort n'est pas réglé.
Quid de leurs limites ? Rien n'a été dit sur les frontières du Donbass, mais la Russie pourrait convoiter les deux oblasts entiers – ce qui inclurait notamment la ville de Marioupol –, et non simplement les limites des républiques séparatistes autoproclamées. L'Ukraine, par ailleurs, n'a toujours pas renoncé à la Crimée, annexée par la Russie en 2014. Le chef de la délégation ukrainienne, Mikhail Podoliak, propose à Moscou de lancer des discussions sur le statut de la Crimée et de Sébastopol. Dans le détail, il suggère une période de négociations de quinze ans, pendant laquelle les deux pays s'engagent à ne pas recourir à la force militaire pour régler le sort de la province.
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