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Témoignage "On tente de se préparer pour l’hiver" : à Mykolaïv, des familles ukrainiennes n'ont pas d'autres choix que de se réfugier dans des garages

Alors que les habitants de Mykolaïv fuient la ville pour éviter les combats, Igor et sa famille ont dû eux y trouver refuge.

Article rédigé par franceinfo - Maurine Mercier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un homme regarde sa maison détruite à la suite d'une frappe de missile à Mykolaiv, le 29 août 2022, lors de l'invasion russe de l'Ukraine. (DIMITAR DILKOFF / AFP)

Igor, 35 ans, père de famille, est un colosse au cœur tendre. Sa maison - dans un village à l’est de Mykolaïv - a été anéantie au troisième jour de l’invasion russe. Son village est actuellement sur la ligne de front. "Il y a des combats terribles là-bas maintenant, explique Igor. Ceux qui sont restés nous disent que c’est ainsi presque tous les jours. Un habitant vient d’être tué, ils ont dû rassembler les morceaux de son corps. Une femme a perdu ses jambes. C’est ainsi chaque jour."

En Ukraine, la moitié des habitants de Mykolaïv ont dû fuir les bombardements. La situation est bien pire encore pour ceux qui habitent dans les villages alentours et qui se retrouvent sur la ligne de front. Alors que les gens fuient la ville stratégique du sud du pays, des dizaines de familles, comme celles d'Igor, n’ont pas d’autres choix que d’y trouver refuge dans des garages. De petites bâtisses censées abriter des voitures et qui désormais abritent des familles tout entières.

Six mois dans quelques mètres carrés

Igor a dû trouver refuge dans un garage insalubre qu’il a dû aménager tant bien que mal pour y abriter ses trois enfants et sa femme. Igor est une montagne de muscles et des larmes dans les yeux en continu : "Je ne sais même plus comment je me sens. On n’a pas le choix et là, on tente de se préparer pour l’hiver." La porte d’entrée du garage est une demi-planche de mauvais bois pour combattre l’humidité qui ronge les murs. Igor a installé un petit poêle. Un escalier étroit mène à la cave. Des couchettes de fortune sont accrochées au mur. Parents et enfants dorment depuis six mois ensemble dans ces quelques mètres carrés.

"On ne se sent pas en sécurité ici. Le garage nous protège des éclats mais si une bombe nous tombe directement dessus. On explique aux enfants qu’un vieux et horrible monsieur [Vladimir Poutine] nous a attaqués".

Igor, Ukrainien

à franceinfo

Comme tous les réfugiés, les difficultés économiques le rattrapent désormais. "On a presque plus de revenu, explique Igor. On tente de vendre des produits. Ma fille vient de m’appeler pour me dire 'personne ne m’achète les tomates'. Je lui ai dit pas le choix, on les a achetés 60 grivnas, on les vend à 60 grivnas. C’est comme ça maintenant."

Igor sait que malgré la contre-offensive, il ne retrouvera jamais son village. "Il faudra des années dans le meilleur des cas pour que la situation se stabilise. Pas le choix, il nous faut rebondir ici." Comme pour s’encourager à oublier son ancienne vie, ce garage, il tient à l’appeler fièrement "notre maison".

À Mykolaïv, des familles ukrainiennes s réfugient dans des garages - Le reportage de Maurine Mercier

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