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Témoignage VIDEO. Mort du journaliste ukrainien Maks Levin : Patrick Chauvel espère que le coupable "viendra un jour en France et se fera arrêter"

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Article rédigé par franceinfo
Radio France

Le photoreporter Patrick Chauvel, 73 ans, avait travaillé avec Maks Levin au début du conflit. C'est lui qui a enquêté pour RSF sur sa mort. Son rapport est publié mercredi.

"C'est une exécution sommaire après interrogatoire", résume Patrick Chauvel, photoreporter, au sujet de la mort du journaliste ukrainien Maks Levin. Il a enquêté sur ce cas précis pour Reporters sans frontières. RSF publie mercredi 22 juin son rapport d’enquête, Les preuves d’une exécution par les forces russes sur la mort de ce journaliste en pleine guerre. Patrick Chauvel, 73 ans, revient d'Ukraine où il avait travaillé avec Maks Levin au début du conflit. Après avoir récolté sur place des preuves, des "traces ADN", il "espère qu'un jour, un touriste russe viendra en France et se fera arrêter à l'aéroport".

franceinfo : C'est la volonté de comprendre ce qui est arrivé à Maks Levin qui vous a poussé à participer à cette enquête ?

Patrick Chauvel : Il a disparu pendant plusieurs jours et a été retrouvé mort. On a mis deux jours à retrouver la voiture dans laquelle il est mort parce qu'elle était dans une forêt qui est totalement minée avec des positions russes abandonnées. On a fini par retrouver la voiture et on a recommencé l'enquête. Parce qu'évidemment les services juridiques et la police ukrainienne sont débordés par les crimes de guerre. Ils ont plus de 20 000 cas et nous on voulait s'attacher à ce cas précisément. On a retrouvé des balles dans la voiture. On a retrouvé une balle qui lui avait traversé la tête, dans la terre. On a regardé la position, la réponse à l'impact par rapport à son corps avec les photos que nous ont fourni les policiers.

"On a compris qu'on lui avait enlevé son gilet pare-balles pour lui mettre une balle dans la poitrine."

Patrick Chauvel, photoreporter

à franceinfo

Ensuite il est tombé. Et il a reçu trois balles dans la tête, ou deux on ne sait pas trop, au niveau du sol. Donc c'est une exécution sommaire après interrogatoire.

Pourquoi est-il important ce rapport, pourquoi c'est important d'aller sur place ?

C'est important parce que c'est un crime contre la liberté d'expression. Et c'est aussi rendre hommage aux journalistes ukrainiens, qui nous aident. Souvent ils nous servent de fixeur parce qu'ils ont besoin d'un peu d'argent. Eux, ils ne peuvent pas rentrer comme nous. Nous au bout de six semaines on peut dire 'je suis fatigué je rentre'. Maks à un moment donné, quand on travaillait avec lui, il a su qu'il y avait des attaques sur Kiev quand on était dans le Donbass. Il a dit ‘je ne peux pas rester avec vous parce qu'il faut que je protège mes enfants et ma femme.’ On ne l'a pas revu depuis.

"C'était important de rendre hommage à cette presse dont on parle peu, cette presse ukrainienne qui fait son travail et qui nous aide."

Patrick Chauvel

à franceinfo

Ce rapport, les preuves que vous avez recueillies, ça va servir à quoi ?

On espère qu'un jour, un touriste russe viendra en France et se fera arrêter à l'aéroport. On a trouvé des traces d'ADN dans les tranchées. On a fouillé les tranchées autour, il y avait des assiettes avec des fourchettes en plastique, on a tout récupéré et transmis au ministère de la justice ukrainien pour que ça soit légal. Le travail de RSF c'est de relancer les enquêtes. Mais c'est une enquête ukrainienne qui ira ensuite sans doute au TPI (tribunal pénal international).

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