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Témoignages Guerre en Ukraine : à Kiev, un couple déchiré par le conflit

Un an après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, toujours des morts, des blessés... Mais aussi des familles divisées. À Kiev, un couple vit sur le même palier, lui est pro-russe, elle est pro-ukrainienne. 

Article rédigé par franceinfo - Maurine Mercier
Radio France
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Temps de lecture : 1 min
Kiev, le 8 février 2023. (GENYA SAVILOV / AFP)

Oleg, la soixantaine, est artiste-peintre. Il tente d'ordonner ses toiles éparpillées dans le petit salon transformé en atelier de son appartement à Kiev. Il n'en démord pas : l'armée russe est légitime, même lorsqu'elle envoie des missiles sur Kiev, sa propre ville. 

Dans son esprit, ce n'est pas la Russie qui tente d'envahir l'Ukraine mais l'inverse. "250 000 soldats ukrainiens ont été amassés le long de la frontière du Donbass, affirme-t-il. Donc l'Ukraine se préparait à envahir la Russie. Beaucoup pensent comme moi, mais ils ont peur de le dire." Dans un discours très inspiré par la propagande russe, Oleg affirme que les États-Unis sont derrière cette guerre fratricide. Ils cherchent à affaiblir la Russie. "L'Europe et tous les pays occidentaux ont provoqué cette guerre entre l'Ukraine et Russie pour détruire la Russie et s'emparer de ses richesses, dit-il, L'Europe n'est pas indépendante, elle suit les États-Unis."

Les bombardements sur le quartier de Marioupol ? "Fake news", assure Oleg contre toute évidence et malgré les preuves. Même si de l'autre côté du palier, sa femme et sa fille pensent le contraire. "Nous avons une guerre civile en cours avec ma femme. Pour lui, c'est simple : Elle est juste mal informée. Elle ne veut pas voir la réalité", estime Oleg. 

"Dévoré par la propagande"   

La cohabitation est devenue trop compliquée. Alors mère et fille ont déménagé de l'autre côté du palier, dans une petite cuisine prêtée par des amis. "Je n'ai même pas de mot", dit Olga, la soixantaine également. Les larmes roulent sur ses joues. "Hier, on a encore eu une dispute terrible. J'ai voulu partir, mais un père c'est important pour un enfant."

Plus important encore pour Olga : "Je ne peux pas le jeter dehors comme ça. Je ne veux pas le mettre en danger. Ses opinions me heurtent, alors imaginez combien elles pourront heurter les autres." Subir cet homme pour le protéger, "un homme bon" mais "dévoré par la propagande" résume Olga. Elle conclut : "C'est le père de ma fille… Je ne peux le mettre à la rue ainsi".

Guerre en Ukraine : à Kiev, un couple déchiré - Reportage de Maurine Mercier

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