: Témoignages Guerre en Ukraine : des familles entières fuient les combats à Irpin, marchant "au milieu des maisons en feu, des missiles au-dessus de nos têtes"
Située à quelques kilomètres de Kiev, la ville stratégique d'Irpin est visée un déluge de feu pour l'armée russe : elle représente le dernier verrou avant la capitale.
C'est un flot ininterrompu de civils qui fuient à pied la ville d'Irpin, aux portes de Kiev. "J'ai laissé mes parents derrière moi. J'ai voulu les amener de force, mais mon père m'a repoussé. Je n'ai pas insisté..." confie Nikola. Cet avocat, a marché longtemps sur cette route, au milieu d'une forêt, avant d'atteindre cette position tenue par l'armée ukrainienne, loin des forces russes, qui resserrent leur étau sur la capitale et tentent de s’emparer de cette ville.
Irpin, 60 000 habitants, revêt une importance stratégique car c’est le dernier obstacle au nord-ouest de la capitale. Pour la faire tomber, les forces russes déversent depuis samedi un véritable de déluge de feu, jetant comme Nikola, des milliers de civils sur les routes. "Ceux qui sont restés sont peu nombreux, car il y a constamment des bombardements sur les zones résidentielles. Hier, des avions de chasse ont attaqué la ville à six reprises.", détaille-t-il, essoufflé.
Les derniers pas sont les plus difficiles : Irina reprend, elle aussi, son souffle avant de monter dans l'un des bus jaunes qui l'amènera à Kiev. "On a pris quelques vêtements, un peu de nourriture. Nos papiers et nous sommes partis. On a marché au milieu de maisons en feu. Les missiles volaient au-dessus de nos têtes. Il y avait de fortes explosions autour de nous."
"Si personne ne parvient à arrêter Poutine, on se retrouvera avec un deuxième Donbass"
Cette bataille qui fait rage à Irpin, Alexi l'a traversée. Il est parti de Bucha, autre ville assiégée par les Russes, plus au nord, et a parcouru à pied 22 km avec son épouse Tatiana et leur fille de 3 ans à peine. "Et elle n'a pas pleuré une seule fois ! C'est une vraie Ukrainienne, pas une seule fois même quand nous traversions les barrages, quand nous marchions sous les bombes, au milieu des chars et des blindés... Elle est plus courageuse que moi.", sourit-il.
Sa femme Tatiana reste choquée par ce qu'elle a vu : "Je n'en reviens pas d'avoir pu quitter cet enfer de bombes. On a même vu passer les chars russes alors que nous étions en train de marcher avec ma fille dans les bras. Si personne ne parvient à arrêter Poutine, on se retrouvera avec un deuxième Donbass."
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