: Témoignages "Une roquette a traversé l'appartement de mon voisin" : reportage avec les "évacués d'Irpin" qui fuient la guerre en Ukraine
Des combats font rage en périphérie de Kiev, dont les habitants se préparent à l'assaut des forces russes. Autour de la capitale, comme à Irpin, les habitants fuient les combats et se lancent sur les routes.
Anna n’a qu’un bagage et toutes ses larmes à transporter. Elle quitte Irpin, à deux pas de Kiev, la capitale ukrainienne qui s'apprête à un assaut des forces russes, où elle avait acheté un appartement avec son fiancé. Ils laissent derrière eux la ville dans laquelle ils devaient construire leur avenir.
>> Guerre en Ukraine : suivez l’évolution de la situation
"On voulait partir plus tôt, mais nous ne pouvions pas rejoindre la gare. Quand on a tenté d'y aller, leurs bombes ont commencé à tomber. On a pris la voiture. On a dû la laisser de l'autre côté du pont. On a fini à pieds pour venir jusqu'ici. Maintenant, on tente de rejoindre la gare de Kiev.", glisse-t-elle entre deux sanglots.
Les évacués d’Irpin arrivent à pied sur une route qui s’arrête abruptement au-dessus d’une rivière : le pont a été détruit. De chaque côté de la rive, les armées russes et ukrainiennes se répondent dans un fracas de la guerre auxquels les habitants sont déjà habitués.
"On est évacués, mais je ne sais même pas où on va..."
L'un d'eux raconte : "Vous voyez l'immeuble de cet homme-là ? Il vient d'être bombardé. Ils tirent dans tous les sens. Un morceau d'une roquette a traversé l'appartement de mon voisin du troisième étage. Des enfants sont morts dans cet appartement. Je ne sais même pas où aller. On est évacués, mais je ne sais même pas où on va..."
Et puis tout à coup, tout s'accélère : les gens se mettent à courir car une camionnette vient d'arriver. A bord de ce bus improvisé, tout le monde se rue pour avoir un petit espace pour eux et les rares bagages qu'ils transportent. "Aux premiers jours de la guerre, ma maison a été bombardée. Avec ma famille, on a dû trouver un abri. Avec ma fille, on a décidé de partir. Ils bombardent sans arrêt. On essaie de sauver nos vies, loin d'ici.", lâche une femme, qui n'a pas pu monter dans le véhicule.
Sur cette route, en pleine forêt, balayée par un vent glacial, seules les camionnettes d’évacuation et les ambulances circulent. Les réfugiés d’irpin continuent d’arriver dans ce que l’on croit être un calme admirable, mais qui, en réalité, est un état de choc, qui les laisse sans réaction.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.