: Témoignages Guerre en Ukraine : "Mon mari a exprimé ce qu’il avait de pire en lui", les violences conjugales en hausse depuis le début du conflit
Avant le début de l'invasion russe, la société ukrainienne avait progressé dans la prise en charge des victimes. Mais selon les acteurs de terrains, le conflit a un effet comparable à celui du Covid-19 : un stress accru et une violence qui s'exprime dans la cellule familiale confinée.
Alina est une femme qui fuit. La guerre d’abord, mais surtout son ex-mari violent qui a tenté de la tuer à plusieurs reprises. Au début de l’invasion russe, cette habitante de Kiev est parvenue à se réfugier à Lviv, dans l'Ouest de l'Ukraine.
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Mais un soir, on frappe à la porte : c’est son mari. Il l’a retrouvée. Il kidnappe alors leur enfant de deux ans. Dans le chaos des combats, elle s’adresse à la police : "La police, vous savez, elle travaille d’une manière terrible à cause de la guerre. La police nous dit 'On est en état de guerre, on a d’autre préoccupations qu'aller chercher votre enfant'".
Alina ne récupérera son enfant qu’au bout de deux mois, grâce à l’aide d’une association. Depuis, son mari continue de la chercher : "Mon mari a exprimé ce qu’il avait de pire en lui. D’ailleurs, à cause de la guerre, il s’est permis des choses qu’il ne se serait pas permises en temps de paix, parce qu’il savait que les services sociaux et que la police ne travaillaient pas normalement. Il m’a d’ailleurs menacée de reprendre l’enfant et il a arrêté de payer la pension alimentaire."
"Une situation de stress et de traumatisme"
Avant la guerre, la société ukrainienne avait pourtant progressé dans la prise en charge des femmes victimes de violences conjugales avec, notamment, la création d’un département spécifique au sein de la police. Il y a eu une sorte de retour en arrière, déplore Marta Chumalo, présidente de l’association de droits des femmes, Perspectives féminines : "Quand la guerre a commencé, la réactivité de la police a diminué pour plusieurs raisons. D’abord, une partie des policiers sont partis combattre sur le front et ceux qui sont restés ont été surchargés de travail."
"Les postes de police chez nous à Lviv sont entourés de sacs de sable comme s’ils allaient être pris d’assaut. De fait, l’accès physique est compliqué, ne serait-ce que pour parler à un policier, c’est difficile."
Marta Chumalo, présidente de l'association Perspectives fémininesà franceinfo
Et pourtant, il y aurait bien besoin d’un accès facilité à la police car les cas de violences conjugales ont augmenté depuis le début de la guerre, selon Aliona Krivouliak.
Elle dirige un centre pour les femmes battues à Kiev."La guerre, c’est un peu comme la pandémie de Covid, les gens sont confinés, ils subissent de la pression, avance-t-elle. C’est une situation de stress et de traumatisme. Les gens ne savent pas gérer leurs émotions et les canaliser pacifiquement sans faire de mal à soi ou à autrui. Et malheureusement, c’est la violence qui ressurgit".
Dans son centre d’appel, Aliona Krivouliak a enregistré un nombre très élevé d’appel, bien plus élevé qu’avant la guerre menée par le Kremlin.
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