Témoignages "Ils sont utilisés comme des boucliers humains" : des mercenaires népalais enrôlés dans l'armée russe pour combattre en Ukraine

Plus d'un millier de Népalais se sont engagés dans l'armée russe, ces derniers mois, en échange de promesses de salaires élevés. Certains sont morts, d'autres disparus, et leurs proches restent sans nouvelles.
Article rédigé par franceinfo
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Panneau d'affichage de promotion en faveur de l'armée russe avec l'image d'un conscrit et le slogan "Servir la Russie est un véritable travail" à Saint-Pétersbourg en 2022. (OLGA MALTSEVA / AFP)

La Russie a un besoin toujours croissant en hommes pour faire la guerre en Ukraine. Son armée recrute donc des mercenaires étrangers et plus d’un millier de Népalais se sont ainsi engagés ces derniers mois, attirés par les promesses de paie élevée. Mais beaucoup sont envoyés au front sans formation adéquate et meurent rapidement. Au Népal, leurs familles, sans nouvelles, se désespèrent et se sont confiées à franceinfo.

Sujan Sharma venait de finir ses études d’hôtellerie et ne trouvait pas de travail au Népal. Cet homme de 26 ans voit alors une annonce sur un réseau social : l’armée russe lui promet un salaire d’environ 2 000 euros par mois et une résidence permanente en Russie, s’il sert dans l’armée pendant un an.

"Je ne sais pas s'il est vivant"

Sujan n’a aucune formation militaire, mais il part en octobre dernier. Et cela se passe mal, raconte sa mère Tirtha Kumari Rizal : "Il a signé son contrat le 1er novembre et a commencé son entraînement. Le 28 ils l’ont envoyé au front. C’est la dernière fois que je lui ai parlé. Je ne sais pas s’il est vivant. Une trentaine de Népalais de son unité ont aussi disparu." Un collectif a identifié plus de 1 100 Népalais partis se battre dans l’armée russe. Un quart d'entre eux sont portés disparus et Moscou ne communique pas sur leur statut.

Au moins 16 d’entre eux seraient décédés, dont Bharat Bahadur Shah, parti en juillet. Sa veuve, Bhadra Shahi, est désespérée : "Nous pensions que cette guerre ne durerait pas longtemps, et que cela nous offrirait une nouvelle vie. Mais mon mari est mort trois mois après son arrivée en Russie. C’est un de ses collègues népalais qui me l’a dit. Je veux récupérer sa dépouille, mais les Russes ne nous répondent pas."

Des recruteurs arrêtés au Népal

Katmandou a identifié 200 de ses ressortissants dans l’armée russe, mais ne peut obliger Moscou à les renvoyer. Pour freiner le flux, les autorités ont arrêté 12 recruteurs au Népal et ont interdit à leurs ressortissants de partir travailler en Russie et en Ukraine.

Ce recrutement ressemble à de la traite de personne mais sur le plan militaire, cela ne fait aucun sens, estime Binoj Basnyat, ancien officier de l’armée népalaise : "Il est impossible de former ces recrues en deux semaines ou un mois, car les armes sont très sophistiquées. Ces Népalais sont utilisés comme boucliers humains et cela montre que la Russie a un besoin urgent d’hommes pour se battre." L’armée russe a également recruté des Indiens, des Congolais et des Egyptiens.

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