A Kiev, la police tente de reprendre le contrôle de la place de l'Indépendance
Des centaines de policiers anti-émeutes ukrainiens ont lancé un assaut au petit matin. Les manifestants affluent pour tenter de faire bloc.
C'est un tournant dans la contestation en Ukraine. Des centaines de policiers anti-émeutes ukrainiens ont lancé un assaut au petit matin, mercredi 11 décembre, contre les manifestants pro-européens qui occupent la place de l'Indépendance, à Kiev.
En réaction, au moins 10 000 personnes ont afflué sur les lieux, malgré l'arrivée massive des forces de l'ordre. Ils veulent faire bloc et protéger la place, un lieu symbolique au cœur de la contestation née du refus du président ukrainien de signer, fin novembre, un accord d'association avec l'Union européenne (UE).
Plusieurs interpellations
L'évacuation a commencé vers 2 heures (1 heure, heure de Paris). Réunis par centaines aux extrémités de la zone, les policiers ont commencé à repousser les manifestants à l'aide de leurs boucliers. Ils ont franchi les barricades placées à plusieurs extrémités de la place, les ont démantelées, tandis que la foule chantait l'hymne ukrainien et des prières.
Les policiers, qui disent agir sur décision de justice, ont démonté plusieurs tentes. Une fois les manifestants repoussés à distance, des tracteurs et employés en gilets orange sont venus détruire les barricades.
L'assaut s'est déroulé plutôt dans le calme, mais il y a eu des blessés, dont un député d'opposition, et onze arrestations, selon le leader du parti nationaliste Svoboda. La police a confirmé avoir interpellé plusieurs manifestants qui lui opposaient résistance et a indiqué que dix de ses représentants avaient été blessés.
Un peu plus tard, dans la matinée, des affrontements entre policiers et manifestants ont éclaté devant la mairie de Kiev occupée. Des occupants du bâtiment ont arrosé avec une lance à incendie les policiers depuis l'étage, par -10°C environ.
Les manifestants entendent aussi garder le contrôle de l'Union des syndicats, selon un journaliste sur place.
#kiev certains défenseurs du QG de la revolution se sont armes de barres a mine pic.twitter.com/tsKeEQPLtQ
— Stéphane Siohan (@stefsiohan) 11 Décembre 2013
#kiev des masques a gaz jonchent le sol et les chaises de l'Union des syndicats. pic.twitter.com/ZffzgzYhm0
— Stéphane Siohan (@stefsiohan) 11 Décembre 2013
L'opposition tonne
"Habitants de Kiev, levez-vous, venez !", a lancé une figure de la contestation, le boxeur Vitali Klitschko. "Nous ne pardonnerons pas. Demain, il y aura ici des millions de personnes et le régime coulera", a réagi à son tour Arseni Iatseniouk, du parti de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko.
Les deux stations de métro centrales ont été fermées, selon Alban Mikoczy, correspondant de France 2 à Moscou, mais des milliers de personnes affluent alors que l'opposition a donné rendez-vous aux manifestants à 11 heures.
Assaut des policiers ukrainiens cette nuit sur #euromaidan mais déjà les habitants de Kiev reviennent occuper le centre-ville. Tensions
— Alban Mikoczy (@AlbanMikoczy) 11 Décembre 2013
Les manifestants auraient le soutien des taxis.
Selon la chaine "5" ukr, les services de taxi de #kiev auraient annonce greve generale pour amener les Kieviens gratuitement a Maidan
— Stéphane Siohan (@stefsiohan) 11 Décembre 2013
L'UE et les Etats-Unis réprouvent
Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a exprimé son "dégoût" face à une décision "ni acceptable ni bonne pour la démocratie". "La vie humaine doit être respectée. Les autorités ukrainiennes portent l'entière responsabilité de la sécurité du peuple ukrainien", a-t-il averti.
#SecKerry: Ukrainian authorities' response to Maidan Square protest is not acceptable, does not befit a democracy. http://t.co/9m4n1ZupMD
— Department of State (@StateDept) 11 Décembre 2013
#SecKerry: As church bells ring amidst the smoke in the streets of Kyiv, the U.S. stands with the people of #Ukraine. They deserve better.
— Department of State (@StateDept) 11 Décembre 2013
"J'observe avec tristesse que la police fait usage de la force pour déloger des gens pacifiques", a réagi pour sa part Catherine Ashton, la haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères.
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