Ukraine : comment l'Occident tente de frapper Poutine au portefeuille
La journée de lundi a été marquée par une première. La Maison Blanche a ouvertement visé le président russe: "Nous allons nous efforcer de désigner des gens de son premier cercle", a-t-elle affirmé en parlant du chef du Kremlin.
Moscou dénonce un nouveau "rideau de fer" en Europe. Alors que la crise en Ukraine se poursuit, l'Union européenne (UE) annonce, mardi 29 avril, un nouveau train de sanctions visant quinze responsables russes et ukrainiens pro-russes. La veille, les Etats-Unis ont dévoilé de nouvelles mesures sanctionnant sept responsables du Kremlin et dix-sept entreprises russes.
"Nous allons nous efforcer de désigner des gens de son premier cercle [de Vladimir Poutine], qui ont un poids important dans l'économie russe. Nous allons nous efforcer de désigner des entreprises qu'ils et que d'autres membres de ce premier cercle contrôlent", avait prévenu, dimanche, Tony Blinken, conseiller adjoint de Barack Obama à la sécurité nationale, rapporte La Tribune. Les premiers effets des décisions de Bruxelles et de Washington se font d'ores et déjà ressentir à Moscou, qui enregistre une fuite de capitaux de 63 milliards d'euros. Mais ces dernières sanctions occidentales cherchent à atteindre plus précisément le président russe, Vladimir Poutine. Voici comment.
En visant ses plus proches collaborateurs
"Le Trésor américain cible ses attaques contre la garde rapprochée de Poutine, dans l'espoir de s'en prendre indirectement à sa fortune personnelle supposée", affirme Le Figaro. Alors que Vladimir Poutine a déclaré, en 2013, avoir gagné 3,7 millions de roubles (74 000 euros, soit un peu plus de 6 000 euros par mois), des observateurs cités par Le Nouvel Observateur estiment qu'il serait en fait assis sur un pactole de 40 milliards de dollars (28 milliards d'euros). Ce qui ferait de lui l'homme le plus riche du continent européen.
Cette fortune aurait été acquise progressivement depuis 1990, alors que Vladimir Poutine dirigeait le département international de la mairie de Saint-Pétersbourg. Les éléments prouvant ce patrimoine de Vladimir sont très rares, voire inexistants. Tout se serait fait grâce à des montages financiers complexes, d'habiles jeux de prête-noms et d'obscurs comptes offshores. Son nom n'apparaît nulle part. Rien n'est signé. Ainsi, "la fortune personnelle de Vladimir Poutine n'est pas la sienne, elle dépend de la loyauté de ses amis", commente Le Figaro (article payant).
C'est pour cette raison que les Etats-Unis ont sanctionné des personnalités comme Igor Setchine, un proche de Poutine, qui est aussi son bras droit sur les questions énergétiques. Il a fait partie de l'administration présidentielle de 1999 à 2008, et a été membre du gouvernement de 2008 à 2012. Il est à la tête de Rosneft, la puissante compagnie pétrolière publique. C'est un allié "de longue date, avec qui il avait fait connaissance dans les années 1990 à Saint-Pétersbourg", rappelle Le Monde. Un allié richissime puisque Rosneft réalise, chaque année, 100 milliards d'euros de chiffres d'affaires, souligne Alban Mikoczy, correspondant de France 2 à Moscou.
Mais Igor Setchine n'est qu'un exemple parmi d'autres. La liste publiée mardi par l'UE porte un total de 48 noms. Certains sont déjà concernés par des sanctions décidées par les Etats-Unis.
En frappant des sociétés dans lesquelles il aurait des parts
Gunvor. La journée de lundi a été marquée par une première. La Maison Blanche a directement cité Vladimir Poutine, en expliquant la sanction à l'encontre du cofondateur de Gunvor, une entreprise de négoce d'hydrocarbures dont le siège est situé en Suisse. "Poutine a des investissements dans Gunvor et peut avoir accès à des fonds de Gunvor", a affirmé le Trésor américain. En effet, la CIA soupçonne le président russe de détenir 75% de la société, ce que nie formellement le groupe, note le New York Times (article en anglais). Europe 1 estime que les Etats-Unis cherchent à "intimider Vladimir Poutine et lui montrer qu'ils savent où est caché son argent".
Rossia. En mars, aussitôt après le rattachement de la Crimée à la Russie, la banque Rossia a été le premier établissement sanctionné par les Etats-Unis. D'après le Trésor américain, elle servirait de banque personnelle pour certains officiels russes. Cette banque est dirigée par "un proche conseiller du président Poutine et est souvent présenté comme étant son banquier personnel", assure le Trésor. Mais ce n'est pas tout. Rossia serait détenue à 20% par Vladimir Poutine qui aurait agi, selon Le Nouvel Observateur, grâce à l'un de ses proches par l'intermédiaire de prête-noms. La réponse du numéro un russe ne s'est pas fait attendre, et a été plutôt provocante : "J'ai déjà dit que j'avais l'intention d'ouvrir un compte personnel dans cette banque. Mieux, j'ai demandé à l'intendance du Kremlin d'y virer mon salaire", a-t-il déclaré, rapportait l'agence russe Ria Novosti.
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