Ukraine : Khodorkovski dénonce Moscou sur la place Maïdan
L'opposant russe, Mikhaïl Khodorkovski a pris la parole sur le Maïdan, à l'occasion du 200ème anniversaire du poète Chevtchenko. Il y a dénoncé les agissements de Vladimir Poutine dans la crise qui secoue l'Ukraine.
L'ex-ennemi numéro un de Vladimir Poutine, Mikhaïl Khodorkovski, a condamné dimanche les actions de Moscou dans la crise ukrainienne dans un vibrant discours devant des milliers d'Ukrainiens sur le Maïdan à Kiev.
Arrivé à Kiev samedi soir, l'ex-magnat qui a été gracié par le président russe en décembre après dix ans d'emprisonnement a passé une partie de la nuit à discuter avec les manifestants autour des braséros sur le Maïdan, place centrale de Kiev et haut lieu de la contestation qui a tourné en février au bain de sang avec la mort de dizaines de personnes.
Il était accompagné de Iouri Loutsenko, l'un des leaders de la contestation et ex-ministre ukrainien de l'Intérieur, lui aussi emprisonné puis gracié par le président Viktor Ianoukovitch destitué fin février.
L'ex-magnat du pétrole portant une doudoune noire a pris la parole devant des milliers d'Ukrainiens réunis sur le Maïdan pour le 200e anniversaire du poète national Taras Chevtchenko, symbole de la lutte pour l'indépendance de l'Ukraine face à l'oppression de l'empire russe.
Sa venue a tout d'un symbole alors que la péninsule ukrainienne pro-russe de la Crimée est occupée depuis fin février par les forces russes et pourrait être rattachée à la Russie à l'issue d'un référendum prévu le 16 mars.
"Vive le peuple d'une nouvelle Ukraine démocratique!", a-t-il lancé devant la foule. "Russie, lève-toi!", ont scandé en retour les manifestants.
Au bord des larmes, M. Khodorkovski a raconté sa venue quelques heures plus tôt sur le Maïdan, ses conversations la nuit avec ceux qui l'occupent toujours nuit et jour depuis la volte-face pro-russe fin novembre du régime de Ianoukovitch au détriment d'un rapprochement avec l'Europe.
"Ils m'ont raconté ce que les autorités avaient fait ici, ce qu'elles avaient fait avec l'accord du pouvoir russe. Plus de 100 personnes ont été tuées, 5.000 blessées", a-t-il dit. "Honte! honte!", ont réagi les manifestants.
"J'ai vu les boucliers en bois (des manifestants) contre les balles réelles. Je voulais pleurer. C'est horrible. (Le pouvoir en Russie), ce n'est pas mon pouvoir", a-t-il lancé, très ému. "Il y a une tout autre Russie", a-t-il martelé.
"Russie, lève-toi", ont une nouvelle fois scandé en retour les manifestants.
L'ancien oligarque a dénoncé à Kiev "la propagande russe qui ment" en traitant les nouvelles autorités ukrainiennes issues de la contestation de "fascistes". "Les fascistes et les nazis ne sont pas plus nombreux ici que dans les rues de Moscou ou de Saint-Pétersbourg (...) Ce sont des gens magnifiques qui ont défendu leur liberté", a-t-il souligné.
Il a également voulu convaincre les Ukrainiens qu'il y avait en Russie des gens qui ne soutenaient pas Vladimir Poutine et qui participaient aux manifestions non-autorisées contre la crise en Ukraine au risque d'être arrêtés.
"Pour ces personnes, l'amitié entre les peuples russe et ukrainien est plus importante que leur propre liberté", a-t-il dit.
Mikhaïl Khodorkovski a fini son discours par la fameuse phrase de Taras Chevtchenko devenue le mot d'ordre des contestataires en Ukraine qu'il a prononcée en ukrainien: "Battez-vous et vous triompherez. Dieu vous aide".
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