Ukraine : l'UE s'accorde sur le principe de sanctions contre "ceux qui ont du sang sur les mains"
Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne veulent priver de visas et geler les avoirs des responsables des violences.
Alors que la crise politique en Ukraine a viré au bain de sang, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne se sont réunis en urgence à Bruxelles, jeudi 20 février. Et ils se sont mis d'accord sur le principe d'imposer, très rapidement, des sanctions contre "tous ceux qui ont du sang sur les mains", après une journée d'affrontements qui ont fait plus de 60 morts à Kiev. Explications.
Des privations de visas et un gel des avoirs
"A la lumière de la dégradation de la situation, l'UE (a décidé) en urgence de mesures ciblées contre les responsables de ces violences et de l'usage de la force excessive", peut-on lire dans le projet de communiqué que l'agence Reuters s'est procuré.
"La décision est de parvenir très rapidement, dans les prochaines heures, à une privation de visas et à un gel des avoirs de ceux qui sont responsables des violences", a précisé la ministre italienne, Emma Bonino, depuis Bruxelles. A Kiev, son homologue français, Laurent Fabius, a apporté une confirmation sur Twitter.
Les sanctions envisagées visent la privation de visas et la surveillance, le gel des avoirs d'un certain nombre de responsables #Ukraine
— Laurent Fabius (@LaurentFabius) February 20, 2014
Un embargo sur les armes
"Dans le même temps, poursuit le projet, des Etats membres ont décidé d'appliquer un embargo sur les armes et une interdiction sur les équipements utilisés pour la répression intérieure." Des restrictions seraient donc également imposées sur les exportations d'équipements anti-émeutes.
Le régime comme les opposants visés
Selon des diplomates européens, en plus des responsables du gouvernement et de l'appareil de sécurité, des sanctions pourraient éventuellement être prises contre les chefs de file de la contestation qui ont appelé à la violence.
Une première liste de personnes sanctionnées "pourrait comprendre des responsables des forces de sécurité et des membres du gouvernement, et elle pourra être élargie", a précisé le ministre des Affaires étrangères belge, Didier Reynders.
Pour son homologue italienne Emma Bonino, "la responsabilité de la violence incombe au régime". Mais "nous ne pouvons ignorer qu'il y a des groupes extrémistes et des infiltrés. Nous visons tous ceux qui ont du sang sur les mains", a-t-elle insisté.
En revanche, Viktor Ianoukovitch ne devrait pas être ciblé afin de laisser ouverte la possibilité d'un dialogue.
Une application des sanctions pas certaine
Un groupe de pays parmi lesquels la Grèce, le Portugal, l'Espagne, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas feraient preuve de prudence sur le déclenchement de sanctions. Ils craignent de rompre le dialogue avec les Ukrainiens, ajoute un diplomate de l'UE. Certains rappellent que les sanctions précédemment imposées à la Biélorussie n'ont pas été efficaces.
Dans le communiqué, le mot "a décidé" figure ainsi entre parenthèses. Cela signifie que la décision n'a pas encore été prise et qu'elle pourrait être atténuée en simple menace de sanctions.
La décision définitive des ministres de l'UE pourrait être influencée par les réponses que Viktor Ianoukovitch aura apportées à l'exigence des Européens : parvenir à un compromis avec l'opposition. Le ministre suédois, Carl Bild, a ainsi précisé que "l'étendue de la mise en œuvre des mesures de l'UE serait décidée à la lumière des développements en Ukraine".
A Kiev depuis jeudi matin, le chef de la diplomatie française et ses homologues allemand Frank-Walter Steinmeier et polonais Radoslaw Sikorski ont rencontré les dirigeants de l'opposition à deux reprises et le président Viktor Ianoukovitch pendant quatre heures. Et ils vont poursuivre leur mission de médiation, vendredi
De son côté, le président russe Vladimir Poutine a également dépêché un "médiateur" sur place. Et selon une source européenne à Moscou, "des chances de compromis existent" entre le pouvoir et l'opposition.
Et une demande d'enquête et une offre d'aide humanitaire
Le projet de communiqué réclame un arrêt immédiat des violences, le respect intégral des droits de l'homme et l'ouverture urgente d'une enquête internationale sur les atteintes aux droits de l'homme.
L'UE se dit aussi prête à fournir une assistance médicale et humanitaire en Ukraine, a également indiqué l'italienne Emma Bonino. Les Européens sont également tombés d'accord pour assouplir le régime des visas pour "les personnes blessées et les dissidents".
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