Un mois de guerre en Ukraine : Vladimir Poutine et ses dirigeants militaires "ont fait de mauvais choix", estime le numéro deux de l'Otan
L'organisation transatlantique va continuer à envoyer des armes aux Ukrainiens, annonce Mircea Geoana sur franceinfo, mais elle est aussi soucieuse de ne pas "escalader le conflit" avec la Russie.
Mircea Geoana, secrétaire général délégué de l'Otan, numéro deux de l'organisation transatlantique revient, jeudi mars, sur franceinfo sur le premier mois de guerre menée par la Russie en Ukraine. Pour lui, Vladimir Poutine et ses dirigeants militaires "ont fait de mauvais choix". Par ailleurs, "la qualité et la quantité des forces russes ne sont pas suffisants pour prendre Kiev et la majorité des grandes villes" ukrainiennes, estime le secrétaire général délégué de l'Otan.
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franceinfo : Pour l'instant la stratégie de Vladimir Poutine en Ukraine est-elle un échec ?
Mircea Geoana : C'est bien clair que le président Poutine et ses dirigeants militaires ont fait de mauvais choix. La qualité et la quantité des forces russes ne sont pas suffisantes afin de prendre Kiev et la majorité des grandes villes.
Je crois qu'ils ont sous-estimé la capacité, pas seulement l'héroïsme des forces ukrainiennes, mais également le fait qu'avec le soutien de l'Otan et de pays de l'Otan, l'armée ukrainienne est maintenant une armée de type occidental, de type Otan.
Mircea Geona, secrétaire général délégué de l'Otanà franceinfo
L'armée russe, elle, reste une armée post-soviétique. La majorité des objectifs d'étape pour les Russes ne sont pas accomplis. Mais nous voyons également le fait qu'ils continuent d'envoyer des renforts. Ils mobilisent des troupes supplémentaires un peu partout. Si avant la guerre ils avaient 75% du total des forces russes en Ukraine, maintenant ils vont essayer d'avoir des troupes supplémentaires.
Ce que redoutent les Ukrainiens c'est une entrée en guerre de la Biélorussie. Avez-vous des éléments sur un possible déploiement de soldats biélorusses ?
On a vu une certaine mobilisation des quelques groupes de bataille de l'armée biélorusse. On n'a pas d'indices aujourd'hui qui montrent qu'ils ont décidé d'entrer en Ukraine. Mais de toute manière, l'Etat biélorusse, qui est un pays complice de la Russie, est utilisé massivement par les Russes. Et bien sûr, nous espérons que la Biélorussie ne fera pas cette nouvelle faute stratégique d'y aller avec ses propres troupes, avec les Russes contre l'Ukraine.
Est-ce que l'Otan va accélérer encore ses livraisons d'armes à l'Ukraine comme le demande le président ukrainien ?
Les Alliés ont fait déjà énormément de bon travail pour aider l'héroïque armée ukrainienne, et nous faisons ça d'une manière accélérée, d'une manière très coordonnée avec les Ukrainiens. Bien sûr, ce sont des choses qu'on n'annonce pas de manière publique. Nous allons continuer à aider les Ukrainiens avec des équipements haut de gamme : anti tank, anti défense aérienne, des drones et pas mal de combustible et de munitions.
Nous sommes vraiment proches des Ukrainiens. Et en même temps, nous sommes très attentifs à ne pas "escalader" le conflit qui est déjà très sévère, dans un conflit entre la Russie et l'Otan.
Mircea Geoanaà franceinfo
C'est une ligne fine mais importante pour nous d'aider les Ukrainiens avec tous les moyens, y compris pour le cyber, y compris pour les risques chimiques et biologiques. Nous faisons pas mal de choses pour aider les Ukrainiens, mais en même temps nous sommes très attentifs à ne pas transformer ce conflit en un conflit encore plus massif entre l'Otan et la Russie.
Que se passerait-il si Vladimir Poutine faisait usage de ses armes biologiques et bactériologiques ?
On ne peut pas entrer dans les détails parce qu'une certaine ambiguïté stratégique est toujours importante. Mais ça aurait bien sûr des conséquences sévères. Ça serait encore un acte barbare qui changerait la nature du conflit en Ukraine. Et bien sûr, les conséquences seraient très sévères. Nous espérons que Vladimir Poutine ne va pas utiliser ce qu'il a déjà utilisé en Syrie. Nous n'avons pas d'indication militaire et de renseignement qui indiquent un risque imminent. Mais la rhétorique et la manière dont les Russes communiquent sont identiques à la tactique qu'ils ont utilisée en Syrie, donc nous sommes préoccupés.
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