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Vidéo Guerre en Ukraine : "Pour les Ukrainiens, cela relève d'un génocide, et on ne se remet pas d'un génocide avec un accord de paix"

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Article rédigé par franceinfo
Radio France

Selon Anna Colin Lebedev, spécialiste des sociétés post-soviétiques, "tant que le pouvoir russe n'a pas changé de logique et d'intention, toute négociation, tout cessez-le-feu, tout gel du conflit armé nous prépare juste à une guerre future encore plus sanglante."

Près de neuf mois après le début de l'invasion en Ukraine, le conflit a fait plus de 100 000 morts ou blessés au sein des armées des deux camps, et une victoire militaire est "probablement" impossible pour Kiev comme pour Moscou, selon les déclarations du chef d'état-major américain, le général Mark Milley, mercredi 9 novembre.

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"Aujourd'hui, les Ukrainiens considèrent que les Russes ont une responsabilité collective pour ce qui arrive, y compris ceux qui s'opposent à la guerre en quittant le pays, a estimé Anna Colin Lebedev, spécialiste des sociétés post-soviétiques, invitée du Talk franceinfo sur Twitch, mercredi 9 novembre. On considère qu'à partir du moment où ils n'ont pas cherché à arrêter la guerre, renverser le pouvoir, ils sont collectivement responsables et ils laissent faire."

Un conflit qui laissera des traces douloureuses et durables

Selon la spécialiste, "côté russe, on n'a quasiment pas de prise de conscience de ce que l'armée est en train de faire sur le terrain. L'image qu'ont les Russes de cette guerre est très différente de celle que nous avons. On assiste à quelque chose de très radical qui pour les Ukrainiens, relève d'un génocide, et on ne se remet pas d'un génocide avec un accord de paix."

Dans l'Est ukrainien, les deux "Républiques" séparatistes prorusses du Donbass, Donetsk et Lougansk, cristallisent les tensions entre la Russie et les Occidentaux. Ces deux régions "ont vécu dans la haine de Kiev pendant huit ans", poursuit Anna Colin Lebedev.

"Huit ans, c'est la durée de scolarisation d'un enfant. Donc vous avez des jeunes adultes qui n'ont entendu que le discours de 'Kiev est notre ennemi'. Comment fait-on redevenir ukrainien ces gens-là ?"

Anna Colin Lebedev, spécialiste des sociétés post-soviétiques

à franceinfo

"En 8 ans, ces gens ont aussi été sous des bombes. La question de la collaboration, l'Ukraine n'est pas prête à l'affronter pour l'instant, mais ça va être un sujet majeur."

Une possibilité de réconciliation ?

Pourrait-il y avoir des négociations de paix ? "Je suis partie du pays en me disant : 'Comment pourront-ils se réconcilier ?' Je n'ai pas de réponse", confie la reporter de la rédaction internationale de Radio France Gaële Joly, qui revient de Kherson.

Anna Colin Lebedev abonde : "De toute manière les guerres se terminent à un moment donné par la signature d'un papier quelconque dans beaucoup de cas". Selon la spécialiste, "tant que que pouvoir russe n'a pas changé de logique et d'intention, toute négociation, tout cessez-le-feu, tout gel du conflit armé nous prépare juste à une guerre future encore plus sanglante, encore plus violente."

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