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Alice Gautreau, sage-femme à bord de l’Aquarius : "On ne devrait pas devoir mourir en mer pour tenter d’aller vers une vie meilleure"

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Brut ; Alice Gautreau
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Article rédigé par Brut.
France Télévisions

Alice Gautreau était sage-femme à bord de l’Aquarius, le bateau qui vient en secours aux migrants en Méditerranée. Elle raconte.

"Je m’occupais des femmes et des enfants et de tout ce qui est a trait à leur bien-être pendant la traversée, à partir du moment où elles me sont confiées par les sauveteurs jusqu’à ce qu’on arrive en Italie." Alice Gautreau a passé quatre mois en tant que sage-femme à bord de l’Aquarius, un navire qui vient en aide aux migrants qui tentent de traverser la Méditerranée.

A bord de l’Aquarius, 20% des femmes sont enceintes. Durant son périple, elle se souvient d’un accouchement en particulier qui va "marquer [sa] carrière pour toujours" : "Il y avait un bébé et une maman qui allaient monter à bord et le bébé était encore accroché à la maman par le cordon ombilical. C’était complètement irréel. Le canot de sauvetage était encore sur l’eau et le temps que j’arrive sur le pont, Constance, la maman de Christ, était en train de se faire pousser par les sauveteurs à bord du canot et les sauveteurs à bord de l’Aquarius étaient en train de la hisser à bord."

Des rescapés fortement fragilisés

Le temps passé sur leurs embarcations de fortune fragilise les rescapés : "Ils peuvent souffrir de déshydratations vraiment intenses ou de brûlures, où la peau des fesses ont été littéralement mangées par le fioul. Il leur manque toute une partie de l’épiderme, c’est très douloureux et ça demande énormément de soins." fait remarquer la jeune femme. À cela s’ajoutent de nombreux problèmes dus aux "conditions sanitaires dans lesquelles ils étaient quand ils étaient en centre de détention en Libye. Il y a beaucoup de tuberculoses, beaucoup de gale."

Pour Alice Gautreau, "on ne devrait pas devoir mourir en mer pour tenter d’aller vers une vie meilleure". De fait, la mission principale des sauveteurs et équipes médicales au bord du bateau, explique la jeune femme, c’est "de réduire la mortalité". Mais son expérience lui a appris "qu’on ne peut pas sauver tout le monde et des fois on arrive trop tard…" Comme cette fois qui l’a bouleversée : "À la fin du mois de juillet, on est arrivé trop tard pour huit personnes, qui sont mortes étouffées dans le fond du canot. C’était une atmosphère différente à bord du navire parce que même si on avait réussi à sauver 115 personnes, il y avait toujours ces huit personnes pour lesquelles on était arrivés trop tard. On a vraiment eu l’impression qu’on n’a pas fait notre travail à fond. Et ça nous met en colère." En 2017, plus de 3 000 migrants ont trouvé la mort en Méditerranée. 

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