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Migrants en mer : "Les politiques européennes de dissuasion tuent", accuse MSF

Les navires humanitaires des ONG allemandes Sea-Watch et Sea-Eye ont finalement pu, après une vingtaine de jours de négociation, accoster à Malte. Aloys Vimard, coordinateur de projet MSF sur l'Aquarius, dénonce sur franceinfo l'indignité des politiques européennes.

Article rédigé par franceinfo
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Finalement, près de 180 personnes seront réparties entre l'Allemagne et la France, qui en accueilleront chacun 60, mais aussi le Portugal, l'Irlande, la Roumanie, le Luxembourg, les Pays-Bas et l'Italie.  (FEDERICO SCOPPA / AFP)

Après 19 jours de négociation au niveau européen, les navires humanitaires des ONG allemandes Sea-Watch et Sea-Eye ont pu accoster mercredi après-midi à Malte. Les quelque 180 migrants seront accueillis par neuf pays différents, dont la France et l'Allemagne. "Ces politiques [européennes] mettent délibérément en danger des personnes déjà vulnérables", a dénoncé jeudi 10 janvier sur franceinfo Aloys Vimard, coordinateur de projet MSF sur l'Aquarius.

franceinfo : Ce dénouement est-il un soulagement pour vous ?

Aloys Vimard : Oui, c'est le mot. Le soulagement face à l'inacceptable, face à la honte. Dix-neuf jours pour attendre que les pays de l'Union européenne fassent preuve d'un minimum de décence. On l'a connu à bord de l'Aquarius. On se dit que ce n'est pas possible. On est témoins de ces politiques qui mettent délibérément en danger des personnes déjà vulnérables tout cela en violation des droits internationaux maritimes. La route migratoire en Méditerranée est la plus meurtrière, mais ce qui tue ce ne sont pas les vagues, les tempêtes, mais ces politiques européennes de dissuasion qui par tous les moyens essaient d'empêcher ces personnes d'atteindre les côtes européennes. C'est indigne.

Le problème est souvent le port d'accueil des migrants. La répartition s'organise ensuite ?

Ces négociations, ces discussions politiques des Etats membres doivent avoir lieu. Cela fait sept mois que l'on demande qu'un mécanisme commun prévisible et durable soit mis en place. Elles ne peuvent pas avoir lieu quand les gens sont en pleine mer. Ce n'est pas possible. La répartition doit être systématisée et ce n'est malheureusement toujours pas le cas et des personnes sont laissées à l'abandon. Il s'agit de déshumaniser des personnes qui fuient l'enfer et qui sont condamnées par cette Europe à soit la noyade en mer, soit l'enfer libyen qu'ils cherchent à fuir.

Est-ce difficile de gérer la détresse de ces personnes à bord des bateaux ?

Ce sont des bateaux de sauvetage, pas de croisière : les gens sont dans des conditions très difficiles. Donc, on essaie d'être le plus transparents possible auprès des personnes secourues, de leur dire ce qu'il se passe, les discussions qui ont lieu. À bord de Sea-Watch, une personne a sauté à l'eau et a été secourue une deuxième fois.

L'Italie va accueillir quinze de ces personnes, alors qu'elle laisse ses ports fermés. Comment comprenez-vous cela ?

C'est difficile à comprendre. Je pense que l'Italie pousse l'Europe à prendre position. Il faut rappeler que l'Italie a accueilli des migrants pendant plusieurs années et aujourd'hui elle dit qu'elle ne peut plus se débrouiller seule et qu'il faut une certaine cohésion au sein de l'Europe. C'est cette politique forte qu'ils mènent : dire non, ce n'est plus nous seuls, on veut bien prendre part, mais il faut de l'aide.

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