Calais : des migrants refusent les repas de l'Etat par "colère de voir leurs abris détruits"
Le président de l'association L'auberge des migrants à Calais (Pas-de-Calais) a appelé dimanche sur franceinfo les autorités à "débloquer la situation".
Certains des 500 à 600 migrants de Calais (Pas-de-Calais) refusent d'aller chercher leurs repas depuis que l'État en assure la distribution. Christian Salomé, président de L'auberge des migrants a dénoncé dimanche 11 mars sur franceinfo la "maladresse" de l'État, qui détruit les abris des migrants en même temps qu'il distribue ces repas après avoir mandaté une association pour le faire. "Il y a une colère de voir leurs abris détruits, et du coup les repas ils n'en veulent pas", a-t-il expliqué. Christian Salomé a aussi justifié le fait de distribuer des repas de substitution le soir si des migrants ont faim. "On ne peut pas affamer des gens même pour une raison d'Etat ce n'est pas possible, on n'est quand même pas dans un monde pareil", a réagi le président de l'association L'auberge des migrants qui appelle les autorités à "débloquer la situation".
franceinfo : Pourquoi les migrants sont-ils méfiants et refusent de prendre les repas distribués par l'État ?
Christian Salomé : Ce n'est pas de la méfiance, c'est une certaine maladresse. L'État détruit également les tentes en particulier le matin. Donc les migrants disent 'si vous ne laissez pas nos tentes, on n'en veut pas de vos repas'. L'État ne veut pas de point de fixation, mais ça va trop loin dans la mesure où tout ce qui permet aux gens de s'abriter est détruit tous les matins ou tous les deux jours. Il y a une colère de voir leurs abris détruits, et du coup les repas ils n'en veulent pas.
Assurez-vous dans ce cas des repas de substitution ?
Nous, nous sommes très gênés. Nous ne nous attendions pas du tout à cette réaction. Nous sommes satisfaits que l'État offre les repas. Par contre à partir du moment où les gens refusent de s'alimenter dans la journée, s'ils nous téléphonent le soir en disant 'on a faim' on ne va pas laisser les gens sans nourriture. Nous ne distribuons pas de repas dans la journée, nous essayons de convaincre le maximum d'exilés d'accepter ces repas. Mais s'il y a une situation de blocage de la part de ces gens on ne va pas les laisser sans nourriture bien entendu. On ne peut pas affamer des gens même pour une raison d'État ce n'est pas possible. On n'est quand même pas dans un monde pareil.
La préfecture annonce une présence policière "plus discrète" à partir de lundi. Est-ce une bonne nouvelle pour apaiser la situation ?
Ça va dans le sens de l'apaisement. Nous insistons pour que les autorités aillent dialoguer directement avec les réfugiés pour leur expliquer pourquoi ils ne peuvent pas accepter de point de fixation sur Calais et essayer de trouver une solution intermédiaire pour que les gens puissent s'abriter des intempéries et la nuit. Il faut débloquer la situation.
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