Comment la Belgique tente d'éviter un "nouveau Calais" à Furnes et Zeebruges
Face à l'impossibilité de rejoindre l'Angleterre depuis Calais, de plus en plus de migrants envisagent de passer par la Belgique.
"Je ne tolérerai pas qu'à Zeebruges et dans les environs s'installent des camps de tentes comme à Calais." Le ministre de l'Intérieur belge l'a encore martelé devant la Chambre des députés, vendredi 29 janvier. Annonçant le bilan d'une opération de police de grande ampleur menée la veille le long de la côte belge, Jan Jambon a de nouveau témoigné de la crainte des autorités d'outre-Quiévrain de voir les migrants tenter de traverser la Manche depuis les villes de Furnes et de Zeebruges.
Si aucun camp semblable à ceux de Calais (Pas-de-Calais) et de Grande-Synthe (Nord) n'existe en Belgique, le renforcement de la sécurité autour du tunnel sous la Manche pousse de plus en plus de réfugiés à traverser la frontière. Voici comment Bruxelles tente de les en empêcher.
En multipliant les opérations de police
Jeudi, la police belge a interpellé 62 migrants, dont 56 Iraniens. Tous ont été "mis à la disposition de l'Office des étrangers [qui dépend du ministère de l'Intérieur]", a indiqué la police fédérale. A l'issue de cette opération, qui a mobilisé une soixantaine de policiers, ils ont été emmenés dans les locaux de la police de la navigation à Zeebruges, l'un des principaux ports de Belgique.
La majorité des migrants interpellés étaient "des hommes âgés de 20 à 30 ans", dont "10% avaient manifestement déjà fait l'objet d'une arrestation lors d'actions précédentes".
Pour le seul mois de décembre, environ 700 migrants ont été interceptés à Zeebruges et plus de 330 à Furnes, rapporte la RTBF.
En renforçant la présence policière
Pour les bourgmestres des villes choisies par les migrants, comme Furnes, dont la zone industrielle se trouve non loin de la frontière française, ou la ville portuaire de Zeebruges, il faut absolument empêcher l'installation de campements.
Quelques dizaines de migrants venus de Calais ont franchi la frontière et dorment à la belle étoile à Zeebruges et dans les dunes environnantes, s'inquiètent les autorités, qui craignent notamment des répercussions sur le tourisme. "Des cartes d’identité décomposées, des tickets de train ou d’avion déchirés, des vieux vêtements abandonnés dans des buissons le long de la route menant aux quais témoignent de leur présence récente", raconte un reportage publié mardi sur le site de La Libre Belgique.
"Ma crainte, c'est que si le nombre d'illégaux et de migrants continue à augmenter – et j'en suis convaincu, tout le monde en est convaincu – et qu'on ne reçoit pas de soutien supplémentaire… Le gros risque c'est qu'ici à la côte belge, on commence à avoir des camps de tentes comme à Calais et Dunkerque et ça, nous voulons l'éviter à tout prix", a indiqué à la RTBF le gouverneur de la province de Flandre occidentale, Carl Decaluwé. Les autorités locales ont ainsi demandé début janvier le renfort de 40 hommes, la mise à disposition d'un centre mobile pour enregistrer les personnes en séjour illégal interpellées et la désignation d'un fonctionnaire de l'Office des étrangers pour la Flandre occidentale.
Près de Zeebruges, "la garde montée fait sa ronde par équipe de deux cavaliers" pour traquer les migrants, raconte La Croix. "Le cheval est très utile pour s’aventurer dans les hectares de dunes et de bosquets de la ville où des migrants peuvent se nicher."
En faisant pression sur la France
Le Premier ministre belge, Charles Michel, a récemment envoyé une lettre à son homologue Manuel Valls pour lui demander de prendre des mesures concernant les camps de Calais et de Dunkerque. Lundi après-midi, les deux hommes se rencontreront à Bruxelles à l'occasion d'une réunion consacrée à la lutte contre le terrorisme.
Devant une commission parlementaire, Charles Michel a d'ores et déjà affirmé son intention d'évoquer la question des réfugiés avec Manuel Valls : "Le but est d'avoir des engagements concrets de la France sur les aspects humanitaires, mais aussi sécuritaires."
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