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Grande-Synthe : il existe "d'autres solutions" que "de faire un camp comme dans les pays du tiers-monde"

Quatre jours après l'incendie du camp de migrants de Grande-Synthe, le fondateur de l'ONG Architectes de l’Urgence, Patrick Coulombel, estime sur franceinfo que ces constructions sont "indignes d"un grand pays comme la France".

Article rédigé par franceinfo
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Le camp de migrants de Grande-Synthe (Nord), mardi 11 avril 2017, après l'incendie qui a ravagé la plupart des constructions du site.  (SADAK SOUICI / CITIZENSIDE / AFP)

Quatre jours après l’incendie qui a ravagé une grande partie du camp de migrants de Grande-Synthe (Nord), l'ONG Architectes de l’Urgence met en avant son expertise dans les camps de réfugiés.

Selon Patrick Coulombel, fondateur d'Architectes de l’Urgence, "les constructions réalisées sur le camp de Grande-Synthe sont dangereuses et indignes d'un grand pays comme la France, capable de faire autre chose que des camps comme cela". Selon lui, il "existe plusieurs dizaines de milliers de mètres carrés" de "constructions disponibles" autour de Dunkerque (Nord) que l'on peut "réhabiliter, aménager" pour accueillir des migrants.

franceinfo : Selon vous, le camp de Grande-Synthe construit en mars 2016 était-il dangereux ?

Patrick Coulombel : Malheureusement l’Histoire l’a prouvé. Les constructions qui ont été faites ne l’ont pas été dans les règles de l’art, dans un grand pays comme la France, capable de faire autre chose que des camps comme cela. La solution qui a été mise en place par le gouvernement, à savoir le logement des migrants dans des centres, qui sont des structures plus pérennes, est beaucoup plus adaptée. Les personnes y sont vraiment à l’abri. Il existe d'autres solutions que de faire un camp comme dans les pays du tiers monde.

Le camp de Grande-Synthe avait été construit avec Médecins sans frontières, il était étiqueté aux "normes humanitaires internationales", était-ce le cas ?

Franchement, moi je n’habiterais pas dedans. On est tout de même dans un pays qui s’appelle la France. Notre pays a des règlementations par rapport à la construction, à l’habitabilité. Dans le cas de Grande-Synthe, on en est loin. La France est un grand pays, on est capable de faire autre chose que des constructions de camp. De plus, le terme de "camp" a une connotation très désagréable. Ce sont de vieux souvenirs très mauvais pour nous en tant que Français.

Dans le Nord d’où je suis originaire, il existe de nombreuses constructions existantes qu’on pouvait réhabiliter, aménager, restructurer afin d'accueillir des gens plutôt que de faire un camp comme dans les pays du tiers monde.

Patrick Coulombel

à franceinfo

Aujourd’hui, il existe plusieurs dizaines de milliers de mètres carrés autour de Dunkerque. Ces constructions sont disponibles. On peut les aménager. Il peut s'agir de bâtiments industriels désaffectés, de bâtiments de bureaux qui ne sont pas occupés. Ces bâtiments ne sont pas forcément très grands. Ils peuvent faire 700 ou 800 mètres carrés. Plusieurs bâtiments pouvaient répondre aux problématiques qui étaient posées. Et là, il y a eu un choix politique que je ne partage pas, parce que je pense qu’on peut trouver d’autres solutions. En terme d’image pour notre pays, ce n’est pas une belle image que de faire des camps.

A quel coût s’élèverait ces réhabilitations de bâtiments pour accueillir des migrants, quand on sait par exemple que la construction du camp de Grand Synthe s'évalue à 4 millions d’euros ?

Je vais vous donner un exemple :à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, on a fait une restructuration légère mais suffisante en terme de sécurité d’un bâtiment dans lequel il y a 180 personnes. Il s'agit d'un ancien squat, d'une ancienne petite usine. On l’a mis à des standards suffisant au niveau de l'hébergement, c’est-à-dire en terme de sécurité incendie, d’électricité, de chauffage. Cette réhabilitation a coûté 200 000 euros. C’est donc possible de trouver des solutions. Avec notre expérience et notre expertise, on s'est rendu compte qu'on peut faire des constructions permanentes aux même prix que des constructions temporaires qui sont faites de bric et de broc.

Patrick Coulombel : "Aujourd’hui, il existe plusieurs dizaines de milliers de mètres carrés autour de Dunkerque"

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