L'AME, "un filet de protection primordial" en matière de santé publique, selon Médecins du monde
L'accès aux soins accordés aux étrangers en situation irrégulière revient dans les débats sur la politique migratoire à l'Assemblée nationale lundi.
L'aide médicale d'État (AME) "est un marronnier qui revient régulièrement, notamment en période pré-électorale", se désole lundi 7 octobre sur franceinfo le docteur François Bournérias, médecin bénévole au centre d'accueil de Médecins du Monde dans le 12e arrondissement de Paris. Cet accès aux soins accordé aux étrangers en situation irrégulière présents sur le sol français depuis plus de trois mois est depuis longtemps source de crispation politique et son retour lundi devant les députés inquiète les humanitaires. Le sujet doit être abordé dans le cadre d'un débat à l'Assemblé nationale sur la politique migratoire.
0,5% des dépenses de santé
"90% des publics que l'on reçoit sont des bénéficiaires potentiels de l'aide médicale d'État", rapporte Aline Merabtene, la coordinatrice du centre, dont les 80 bénévoles accueillent 3 000 personnes par an. Elle coûte chaque année 943 millions d'euros. "Ce chiffre correspond à 0,5% des dépenses de santé en France et concerne 300 000 personnes", précise Aline Merabtene.
Hélène, rencontrée à la sortie du centre, est l'une d'elles. Elle a 34 ans, vient de la République démocratique du Congo et est en situation irrégulière. Elle bénéficie de l'aide médicale d'État depuis deux ans maintenant en raison de lipomes dans la nuque et le sein. Sans l'AME, sa situation serait catastrophique, dit-elle.
Des soins pour protéger la population française
Le panier de soin accordé par l'AME est bien évidemment réduit. Pas de soins esthétiques ni de cures thermales. "Les soins dentaires et les soins ophtalmo sont minimaux. Toutes les personnes ont toujours un reste à charge", confirme Aline Merabtene. Le minimum vital. "C'est hyper important parce que ça permet aux gens de ne pas laisser se développer des pathologies, qui de toute façon finiraient par être prises en charge aux urgences ou en tout cas avoir un impact plus grand en termes de santé publique sur la société française. C'est un filet de protection qui est primordial." Pour elle, le débat politique sur l'AME n'a pas lieu d'être. "Il n'y a vraiment pas de débat, pas de sujet. Quand on voit ce que ça coûte, c'est le minimum que peut faire un pays comme la France."
Un avis partagé par le docteur François Bournérias. "Si on laisse des personnes qui ont des maladies transmissibles comme le VIH ou la tuberculose sans prise en charge ni couverture de santé, on va avoir un risque potentiel de transmission, souligne-t-il. Il ne faut pas en faire un fantasme parce que ce ne sont quand même pas des cas extrêmement nombreux même s'il y a une prévalence un peu plus importante sur les dépistages radiologiques ou sérologiques systématiques qu'on propose aux primo-arrivants".
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