Politique migratoire : "Tant que nous n'aurons pas d'actes de bonne volonté, les discussions ne seront pas possibles", dénonce MSF
Corinne Torre, cheffe de mission France chez Médecins sans frontières, a dénoncé vendredi sur franceinfo le "tri entre migrants économiques et réfugiés politique" que le "Premier ministre assume".
Édouard Philippe a annoncé jeudi 22 décembre le lancement en janvier d'une "consultation" autour du futur projet de loi sur l'immigration, à l'issue d'une réunion avec une trentaine d'association d'aide aux migrants. Le Premier ministre a également proposé la création d'"un groupe de suivi" de la mise en place d'une circulaire controversée sur le recensement des étrangers dans les centres d'hébergement d'urgence.
"C'était une réunion de politesse, certainement pas de consultation", a réagi vendredi 22 décembre sur franceinfo Corinne Torre, cheffe de mission France chez Médecins sans frontières (MSF), qui réclame le retrait pur et simple de cette circulaire. "Tant que nous n'aurons pas d'actes de bonne volonté, les discussions ne sont pas possibles", a-t-elle expliqué.
franceinfo : Étes-vous rassurée ce matin ?
Corinne Torre : Non, pas du tout. C'était une réunion de politesse, certainement pas de consultation, puisque pendant plus de deux heures nous avons tenté d'exprimer nos inquiétudes, et finalement cette circulaire ne va pas être retirée.
Que pensez-vous de ce "groupe de suivi" qui sera mis en place ? Ne pensez-vous que cela permettra d'éviter ce "tri" des migrants que beaucoup d'association craignent ?
Non, je ne pense pas. La politique migratoire actuelle en France est très clairement définie, et le Premier ministre l'assume : c'est un tri entre migrants économiques et réfugiés politique, avec des renvois systématiques. Surtout, nous sommes particulièrement décontenancés car les violences policières ne cessent pas à l'encontre des migrants et de la société civile qui tente de les aider. Ces personnes continuent par ailleurs à être refoulées à la frontière franco-italienne. Nous avons constaté, encore à Paris, des tentes détruites, des pressions fortes... Tant que nous n'aurons pas d'actes de bonne volonté, les discussions ne seront pas possibles.
Sur le projet de loi, on sent quand même une volonté de calmer le jeu. Une première réunion de consultation est prévue le 11 janvier. Vous y serez ?
Je ne pense pas, à moins qu'il y ait des éléments clairs, des faits… Je pense que nous avons été entendus mais pas écoutés. Nous ne pratiquons pas la politique de la chaise vide : cela fait des mois que cela dure, que nous participons à des réunions diverses et variées et que rien n'avance. Nous ne refusons pas de discuter, nous demandons d'avancer.
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