: Reportage À Poznan, l'accueil des réfugiés ukrainiens est organisé par des bénévoles : "Ce devrait être le rôle de l'État"
La Pologne, premier pays d’accueil des Ukrainiens, a vu entrer plus de 2 millions de personnes sur son territoire en seulement trois semaines. Dans toutes les grandes agglomérations, les autorités sont débordées. Exemple à Poznan, la 5e plus grande ville de Pologne, qui compte 550 000 habitants et accueille déjà 100 000 réfugiés.
Depuis une dizaine de jours maintenant, sa tournée est devenue un devoir. Avec quelques amis, jamais les mêmes, Max Skorwider, Polonais de 42 ans, livre chaque matin entre 200 et 300 sandwiches à la gare de Poznan. Il les donne aux réfugiés ukrainiens, très majoritairement des femmes, des enfants qui arrivent ici tout à l'Ouest du pays, épuisés, souvent le ventre vide. "La plupart d'entre eux ne savent pas quoi faire ni où aller", nous raconte Max d'un ton agacé. "Aucune information ne leur est fourni."
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Parmi les plus de 2 millions d'Ukrainiens qui ont traversé la frontière polonaise,1,2 million sont restés et cherchent refuge dans les grandes villes de l’Est, comme Varsovie ou Cracovie, dont la population a bondi de près de 20%. Poznan se situe sur un axe de chemin de fer, principale route entre l’Ukraine et l’Allemagne.
"Est-ce qu'on a un État, ou bien est-ce un financement participatif national ?"
Hubert Vinchyck, bénévole polonaisà franceinfo
Parmi les bénévoles polonais venus aider les Ukrainiens, le professeur d'université est particulièrement en colère contre l'État. "Les pompiers et les quelques policiers qui sont là, c'est très bien", concède-t-il. "Mais personne n'organise les choses. Ce devrait être le rôle de l'État, mais ça vient de nous. On continuera tant que l'État ne le fera pas."
Solidarité et générosité
Max estime que l'élan de générosité des Polonais est immense. "Je pense à tous ses proches qui ont ouvert leurs portes. Mes amis ont déjà accueilli 16 personnes à tour de rôle dans leur résidence secondaire. Mes parents hébergent une jeune femme ou ma sœur qui accueille de nouveau toute une famille."
Il est interrompu par la sonnerie de son téléphone. À l'autre bout du fil, un autre bénévole, Hubert Vinchyck. Il a créé de son côté un espace protégé pour les enfants au sein de la gare où ils peuvent se reposer. Il a collecté des couettes, des jouets. Comme beaucoup de ces volontaires, il précise n’appartenir à aucune organisation ou parti politique. Lui aussi est remonté contre l'action du gouvernement : "est-ce qu'on a un État, ou bien est-ce un financement participatif national ?" Ironise-t-il.
"Tout ce que le gouvernement a fourni, ce sont des gilets jaunes, avec leur logo dessus, comme si on travaillait pour eux." La spontanéité des débuts et son désordre inhérent laissent place peu à peu à une solidarité chaque jour de mieux en mieux structurée, l’aide se fait plus précise, mais dans cette crise d’une ampleur inédite, les Polonais se sentent bien seuls.
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