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Un maire FN a-t-il pris à partie un sénateur parce qu'il est fils de réfugiés ?

Le sénateur Raymond Vall, fils de réfugiés espagnols, dit avoir été attaqué verbalement par le maire FN de Beaucaire, Julien Sanchez. Ce dernier dément.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le maire FN de Beaucaire, Julien Sanchez, le 24 février 2015. (PASCAL GUYOT / AFP)

"C'est parce qu’il y a des hommes comme toi qui vont prendre la place des Français que je me bats." La phrase, violente, aurait été prononcée par le jeune maire Front national de Beaucaire (Gard), Julien Sanchez (32 ans), à l'encontre d'un sénateur radical de gauche. Raymond Vall (73 ans), fils de réfugiés politiques espagnols, a raconté la scène lors d'un discours teinté d'émotion à la tribune du Sénat, mercredi 16 septembre, à l'occasion du débat sur l'accueil des réfugiés en France.

Les faits se seraient déroulés en marge de la réunion de maires organisée par le ministère de l'Intérieur samedi 12 septembre à la Maison de la Chimie, à Paris. Un événement auquel les maires du Front national avaient décidé de ne pas participer, sauf un : Julien Sanchez. Son intervention, qui dénonçait "l'invasion migratoire" organisée selon lui par le gouvernement, a été rapidement couverte de huées de la part des autres participants, qui étaient pour la plupart des maires volontaires pour accueillir des réfugiés.

C'est après cette réunion, dans le hall, que Raymond Vall a croisé Julien Sanchez. "Je n'ai pas pu m'empêcher d'aller le voir pour lui dire : 'Je ne comprends pas, c'est grotesque, c'est cynique. Je suis un fils de réfugié politique', raconte Raymond Vall. "Et là, la réponse cinglante : 'Mais justement, c'est parce qu'il y a des hommes comme toi, qui vont prendre la place des Français, que je me bats'. J'avoue que je suis resté sans réponse."

Parole contre parole

Contacté par francetv info, Julien Sanchez oppose un démenti formel à ces déclarations. "Ce monsieur est un menteur. Je ne me serais jamais permis de tutoyer un interlocuteur que je ne connais pas", affirme le maire de Beaucaire. Il reconnaît avoir croisé le sénateur et avoir eu un échange avec lui, mais jure n'avoir jamais tenu de tels propos. "Avec le nom que j'ai, vous me voyez partir sur une diatribe contre les républicains espagnols ?" poursuit-il.

Le sénateur, de son côté, maintient sa version des faits. "Je suis certain de ce qu'il m'a dit", assure Raymond Vall à francetv info. "Cette réplique a été terrible pour moi. Tout d'un coup, je me suis senti comme un étranger." Selon le sénateur, Julien Sanchez se trouvait "dans un état second" lors de cette réunion. "Au moment où la salle a été invitée à intervenir, ce monsieur est resté plusieurs minutes debout pour réclamer la parole. Dès qu'il a ouvert la bouche, il a prononcé un discours totalement déplacé. C'était tellement ignoble qu'absolument toute la salle a protesté. On sentait qu'il était en transe."

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