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Misère, corruption, émigration : le triste bilan de la Moldavie indépendante

Le candidat prorusse Igor Dodon a remporté le 13 novembre 2016 l'élection présidentielle en Moldavie. Cette élection, pour la première fois au suffrage universel, faisait figure de choix d’alliance. Revenir vers le grand frère russe ou poursuivre le rapprochement vers l’Europe? Au nouveau président de remettre le jeune pays dans le droit chemin. Car ici, indépendance rime avec misère.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Scène de rue à Chisinau, la capitale moldave. 40% de la population vit avec 5 dollars par jour. (AFP)

En mars 2015, un scandale financier hors norme illustrait le niveau de corruption qui sévit en Moldavie. La banque centrale découvrait qu’un milliard de dollars avait quitté le pays par l’intermédiaire de trois banques moldaves. A l’autre bout, les bénéficiaires de ces crédits étaient des banques russes.
 
Un milliard de dollars, ce n’est pas rien pour ce petit pays de quatre millions d’habitants, coincé entre la Roumanie et l’Ukraine. C’est un des pays les plus pauvres d’Europe. Ce milliard représentait 15% du PIB moldave. Un pillage en règle qui aurait abouti dans les poches d’hommes politiques influents.
 
Des juges blanchisseurs
Nouveau scandale en septembre 2016. Cette fois, ce sont des magistrats qui sont inquiétés. 15 d’entre eux ont été placés en détention provisoire. Ils sont accusés d’avoir participé à un réseau de blanchiment d’argent sale venu de Russie. Entre 2010 et 2014, 20 milliards de dollars sont passés dans les lessiveuses moldaves pour se refaire une virginité. Les juges autorisaient des remboursements de dettes fictives.
 
L'ancien ministre des Finances Veaceslav Negruta, cité par l’AFP, décrit un réseau de «complicités» entre le système bancaire et la justice, destiné à donner une apparence de légalité à des opérations frauduleuses. Dans cette affaire, seule la volonté du pouvoir de faire le ménage semble une bonne chose. Mais quel est son niveau d’engagement ? N’est ce pas de la poudre aux yeux pour se faire bien voir de Bruxelles ?
 
Moscou ou Bruxelles ?
Est ou Ouest ? Les deux favoris de l’élection présidentielle ont illustré ce dilemme. Igor Dodon, chef du Parti des socialistes, veut un rapprochement avec la Russie dont la Moldavie faisait partie jusqu’à la chute de l’URSS. «Qu'avons-nous obtenu de l'Europe? Rien», lance Igor Dodon.
 

Pour beaucoup d’habitants, l’ouverture au grand marché européen n’a pas compensé la perte du marché russe. Comme nous le montre le reportage vidéo, beaucoup de Moldaves prennent l’Union pour un leurre. Ici,40% de la population vit avec cinq dollars par jour, et leurs conditions de vie ne s’arrangent pas. Nombreux sont ceux qui quittent le pays pour travailler, et ne reviennent pas.
 
Les libéraux, eux, menés par Maia Sandu, une ex-ministre de l’Education, voulaient encore croire à la prospérité européenne avant le scrutin. Ils rêvaient d’adhésion, tout en reconnaissant que la route serait longue. Comme le dit un électeur à l’AFP, «la Moldavie doit faire partie de l'UE, mais avant cela nous devrons mettre de l'ordre dans notre pays.» On ne saurait mieux dire…

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