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Nouvelle mort suspecte d'un journaliste en Russie

Le rédacteur en chef du journal “Corruption et crime” a succombé hier soir à des blessures reçues après une agression il y a deux mois. Viatcheslav Iarochenko a écrit de nombreux articles contre la corruption au sein des agences de maintien de l'ordre et du gouvernement de sa région. La Russie est l'un des pays du monde les plus meurtriers pour les journalistes.
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Pour la police, Viatcheslav Iarochenko, 63 ans, a participé à une rixe, ou alors il est tombé dans un escalier. Mais pour ses confrères, l'explication semble un peu courte. Rédacteur en chef d'une revue spécialisée dans le sud de la Russie, à Rostov-sur-le-Don, il était premièrement classé plutôt parmi les journalistes d'opposition, ou tout du moins indépendant des pouvoirs en place. Une catégorie où la mortalité est anormalement élevée en Russie.

Ensuite, le nom même de sa revue, “Corruption et Crime”, donne une idée claire des sujets de ses articles. “Notre journal compte huit pages, dont sept sont consacrées à la corruption au sein des forces de maintien de l'ordre”, précise Sergueï Sleptsov, l'adjoint de Iarochenko. Le rédacteur en chef s'était récemment fendu de plusieurs articles sur la corruption au sein du gouvernement régional avant son agression.

TROISIEME PAYS LE PLUS MEURTRIER POUR LES JOURNALISTES

Pour Gary Kasparov, l'ancien champion d'échec devenu leader du mouvement d'opposition L'Autre Russie, “il a été attaqué à cause de son travail, je n'en ai pas le moindre doute”.

Le Comité de protection des journalistes (CPJ) rappelle que la Russie est le troisième pays le plus meurtrier pour les journalistes après l'Irak et l'Algérie. Et c'est également l'un des pays où ce type d'assassinat est le moins résolu. Les exemples le plus fameux sont les meurtres d'Anna Politkovskaïa en 2006 et de l'Américain Paul Klebnikov, fondateur de Forbes Russie, en 2004 qui n'ont toujours pas été élucidés malgré leur fort retentissement international. L'enquête sur le second, réouverte après l'émergence d'éléments nouveaux a d'ailleurs été classée mardi dernier.

D'autres cas plus récents et moins médiatisés sont encore moins avancés, comme le journaliste Sergueï Protazanov, mort en avril dernier près de Moscou. Le président russe, Dmitri Medvedev, avait même reconnu sur l'antenne de la BBC que “dans certaines affaires, il peut y avoir de la vengeance politique”. Une déclaration qui n'a pas mis fin aux morts suspectes de journalistes, ou d'autres personnes liées à l'opposition.

Grégoire Lecalot, avec agences

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