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Paradis fiscaux: 25 milliards d'euros de bénéfices pour 20 banques européennes

Le paradis fiscal n’est pas mort. Et les banques continuent d’y prospérer. Selon l’ONG Oxfam qui a épluché les comptes publics de 20 banques européennes, celles-ci y réalisent 25 milliards d’euros de bénéfices. Pourtant, leur activité bancaire y est minimale. Un tour de passe-passe qui permet d’éviter l’impôt. Les banques françaises ne sont pas absentes.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Le siège de la Banque centrale européenne à Francfort-sur-le-Main. (DR)

Le reporting pays par pays est l’obligation faite en Europe aux banques de publier les bénéfices réalisés et les impôts payés dans chaque pays d’implantation. Cette mesure a été prise en 2013 en réponse à la crise des subprimes de 2008.
 
Oxfam a étudié les déclarations des 20 plus grandes banques européennes. Le résultat est édifiant. Elles ont réalisé le quart de leurs bénéfices dans les paradis fiscaux. Des bénéfices qui ne correspondent pas à une réelle activité sur place. En fait, les banques déplacent artificiellement leurs bénéfices dans des pays à fiscalité plus faible, voire nulle. Dans les pays où leur activité économique est réelle, ces organismes bancaires amputent leurs résultats de ces bénéfices exportés, parvenant même parfois à déclarer des pertes, et donc payer moins d’impôts. Double bénéfice donc.
 

Un quart des bénéfices, cela représente 25 milliards d’euros en 2015. D’évidence, ces paradis fiscaux sont bien incapables de générer une telle activité. Ils ne représentent que 5% du PIB mondial et 1% de la population.
 
Au-delà du délire
Décalage confirmé si on observe le chiffre d’affaires de ces banques dans ces pays bien accueillants. 25% des bénéfices certes, mais seulement 12% du chiffre d’affaires.

La Deutsche Bank décroche la médaille de l’exercice le plus délirant. Des pertes en Allemagne (!), mais près de deux milliards d’euros de bénéfices dans les paradis fiscaux. En Irlande, cinq banques ont réussi l’exploit de déclarer un bénéfice supérieur au chiffre d’affaires. Ainsi, Oxfam cite la Société Générale. «Avec des bénéfices (39 M€) quatre fois plus importants que son chiffre d’affaires (9 M€), ses activités en Irlande étaient 18 fois plus rentables que sa moyenne globale. Qui plus est, elle a généré ces bénéfices en ne comptant que 46 employés dans le pays.»

A elles seules, les banques françaises affichent 5,5 milliards d’euros de ces bénéfices paradisiaques.
 
Et le vainqueur est…
C’est peut-être l’aspect le plus sidérant de l’optimisation fiscale. Les pays qui bénéficient le plus de ces transferts de capitaux sont des pays… européens. Le Luxembourg, la Belgique et l’Irlande sont les cinq premiers pays bénéficiaires de ces évasions.
Mais la palme revient à l’Etat du Delaware aux Etats-Unis, paradis fiscal réputé. 59% des banques européennes y ont une succursale. Près de la moitié de ces banques ont déclaré la même adresse, également utilisée par 285.000 entreprises.

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