Philip Morris aurait eu la tête d'un commissaire européen
Le géant du tabac aurait obtenu il y a un an
la tête du commissaire européen à la Santé. En octobre 2012, John Dalli, en
charge d'une nouvelle directive européenne contre le tabagisme, a été poussé à
la démission. L'OLAF, l'office européen de lutte
anti-fraude, l'a accusé de corruption. Pourtant, l'organisme n'a fourni aucune preuve. Pire encore : un
enregistrement audio que France info s'est procuré, implique clairement l'OLAF dans la chute du
commissaire.
Retour sur les faits. Le 16 octobre 2012 John Dalli, le commissaire européen à la Santé, est remercié par
Manuel Barroso. John Dalli est accusé d'avoir été acheté par
une filiale de Philip Morris spécialisée dans le tabac à chiquer interdit de
vente dans la plupart des pays européens. Il aurait empoché 60 millions d'euros
en échange d'un assouplissement de la nouvelle directive anti-tabac en
préparation.
L'homme à abattre
Une enquête interne est lancée. L'Olaf,
chargé de la lutte anti-fraude en Europe, rédige un rapport à charge pour le
commissaire européen mais il s'avère basé sur un faux témoignage. Quand il l'apprend, l'office
maintient pourtant ses accusations. C'est ce qu'assurent deux émissaires de la
compagnie suédoise dans le bureau de José Bové. L'eurodéputé a toujours soutenu John
Dalli qui se décrit comme "l'homme à abattre ".
Par la voix de son président, l'Olaf balaie
toutes ces accusations d'un revers de main. John Dalli lui a porté plainte pour diffamation
contre la compagnie et a amené le dossier devant la Cour européenne de justice
pour réclamer l'annulation de sa démission. Mais le mal est fait. Les
industries du tabac semblent encore avoir leurs entrées à Bruxelles.
Le démenti de Philip Morris
Philip Morris International (PMI) conteste formellement cette version des faits. La société Swedish Match n'est pas une filiale de PMI. PMI ne peut donc être tenu responsable des faits allégués.
Aux fins de clarté, Philip Morris International a uniquement établi une société commune – joint-venture – avec la société Swedish Match ayant pour activité la commercialisation dans le monde, hors les Etats Unis et la Scandinavie, du snus et autres produits sans tabac.
Le droit de réponse sollicité par l'OLAF
*Dans cette affaire, l'OLAF a pris connaissance d'allégations sérieuses qui indiquaient que le processus législatif portant sur la révision de la directive sur les produits du tabac aurait pu être influencé en échange d'argent. L'OLAF avait le devoir d'enquêter sur ces allégations qui mettaient en danger la réputation des Institutions Européennes. L'OLAF a mené une enquête administrative rigoureuse, de manière absolument indépendante. Les preuves récoltées ont ensuite été soumises aux autorités politiques et judiciaires compétentes. Aucune pression ou instrumentalisation que ce soit n'a été exercée sur l'OLAF. *
*L'OLAF dément formellement avoir mené une enquête à charge contre l'ancien Commissaire Européen, M. Dalli. Il dément également de manière formelle s'être fondé sur des faux témoignages ou d'avoir demandé à des témoins de mentir. *
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