Pologne et Estonie: faux tribunaux et vrais escrocs
Inventifs et bien informés, les arnaqueurs avaient créé un faux tribunal à Varsovie et un autre à Riga, en Lettonie. Des tribunaux qui n’existaient… que sur le papier.
Ils produisaient des fausses sentences immédiatement exécutoires que les malfaiteurs remettaient à de vrais huissiers pour recouvrer de fausses dettes. Et ce au bénéfice de sociétés tout aussi fictives enregistrées en Estonie.
Quatre escrocs, dont une femme, ont été arrêtés à Varsovie et deux autres, dont un Estonien, à Tallinn (capitale de l'Estonie). Leur butin est estimé à plus de 23 millions de zlotys (plus de 5 millions d'euros). Un butin collecté auprès de plusieurs dizaines de sociétés de vente de carburants et de matériel électronique. La police a saisi des voitures et des biens immobiliers d'une valeur de plus de deux millions d'euros.
Les aigrefins risquent jusqu'à dix ans de prison.
«Arnaque au président»
Autre type de délinquance passant par la Pologne: l’escroquerie aux faux virements appelée aussi «arnaque au président», révèle le site du cabinet d’avocats français Copernic. Le problème touche aussi bien des PME que des grands groupes. «La Pologne est souvent utilisée comme premier lieu de transit des fonds détournés», précise la même source.
L’escroquerie est élaborée selon un plan diabolique. Les truands commencent d’abord par étudier en profondeur l’entreprise ciblée pour repérer les donneurs d’ordre en matière financière.
Plusieurs techniques sont possibles. Exemple : un quidam téléphone à l’entreprise et se fait passer pour l’un de ses dirigeants en allant jusqu’à imiter sa voix, «connaissant ses mots ou expressions favorites», rapporte le cabinet Copernic. L’appel est souvent passé un vendredi après-midi ou la veille d’une fête pour empêcher les victimes de réagir dans l’immédiat.
Le quidam demande un virement vers un Etat membre de l’UE, notamment la Pologne, mais aussi la Slovénie ou Chypre. Il s’agit souvent d’un «pays rebond», en clair de transit, histoire d’endormir les vigilances de la société ciblée. L’argent repart ensuite vers la Chine ou Israël. Entre 2010 et 2014, quelque 250 millions d’euros auraient ainsi été subtilisés à des entreprises françaises.
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