Pologne : la présidente de la Cour suprême tient tête au gouvernement conservateur et refuse sa mise à la retraite
Evincée mardi 3 juillet de la Cour suprême par le gouvernement, la chef de la Cour suprême, Malgorzata Gersdorf, s'est tout de même rendue mercredi matin à son bureau soutenue par une foule de citoyens.
La présidente de la Cour suprême polonaise, Malgorzata Gersdorf met le pouvoir au défi après avoir été mise à la retraite forcée à minuit, mardi 3 juillet. C'est le résultat d'une loi très controversée menée par les conservateurs du parti majoritaire Droit et Justice (PiS).
L'objectif affiché du gouvernement de Mateusz Morawiecki est clair : éloigner les magistrats ayant commencé leur carrière avant la chute du communisme du pouvoir. Pour les conservateurs, la réforme est indispensable pour briser la caste des juges qu'ils jugent corrompue. Elle et environ un tiers des juges de la Cour, tous âgés de plus de 65 ans, ont donc été officiellement mis à pied par la mesure.
La réforme de la justice contestée
Pourtant Malgorzata Gersdorf s'est rendue mercredi matin à son bureau à Varsovie, comme à son habitude. Ou presque. Elle a été accueillie par les acclamations de plusieurs milliers de manifestants. Entourée d’une marée de caméras et d’appareils photos, la magistrate a été ovationnée par ses collègues juges à l'entrée du bâtiment.
Les valeurs et les principes de l’Etat de droit restent alors que les gens changent et ils peuvent commettre des erreurs. C’est pour ça que les valeurs inscrites dans la Constitution sont les plus importantes et qu’il faut se battre pour elles.
Malgorzata Gersdorfà franceinfo
Après la mise au pas du Tribunal Constitutionnel par le pouvoir, la Cour suprême semble être le dernier rempart pour garantir la séparation des pouvoirs. C’est elle qui décide de la légalité des élections, qui interprète les textes de loi et qui a autorité sur les juges du pays.
Wlodzimierz, 50 ans, espère encore stopper la réforme. "Puisqu’on a réussi à faire tomber le communisme qui avait un soutien bien plus puissant, notamment l’armée, alors maintenant que nous sommes libres, nous réussirons à défendre la démocratie."
L'Europe très critique
Le bras de fer est engagé. L’opposition libérale compte désormais sur la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) pour faire pression sur la Pologne. Cela pourrait être en tout cas la prochaine étape après la nouvelle procédure d'infraction contre le pays lancée par la Commission européenne lundi 2 juillet. Varsovie a un mois pour répondre. Faute de quoi, la CJUE sera saisie. L'exécutif européen estime que ces mesures "enfreignent le principe de l'indépendance du pouvoir judiciaire, dont le principe de l'inamovibilité des juges".
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