Portugal: un prix Nobel d'économie défend le gouvernement de gauche
Comme la Grèce ou l'Espagne, l'économie portugaise a été tout particulièrement touchée par la crise financière et économique débutée en 2008. L'Europe et les institutions financières ont imposé à ces pays des politiques restrictives pour assénir leurs finances. Le Portugal est sorti en mai 2014 sans encombre du plan de financement de 78 milliards d’euros accordé par l’Union européenne et le Fonds monétaire international en échange d’une sévère cure d’austérité. Mais le secteur bancaire reste fragile et Bruxelles tout comme les organismes internationaux gardent un œil critique sur la politique plus sociale menée par le nouveau gouvernement issu des élections du 4 octobre dernier.
Pour l’économiste américain, «c'est dans l'intérêt de l'Europe de donner des marges de manoeuvre aux pays» comme le Portugal. «Il n'y a pas de raison de paniquer si les objectifs en matière de déficits ou dette ne sont pas respectés pendant un an ou deux», a expliqué le prix Nobel américain à la télévision portugaise. «Nous ne parlons pas d'une augmentation massive de la dépense publique » mais d'une politique visant à «alléger l'austérité à la marge», a-t-il précisé.
Arrivé au pouvoir en novembre 2015 grâce à une alliance avec la gauche radicale, le Premier ministre socialiste Antonio Costa avait réussi en février à arracher à Bruxelles un feu vert, certes assorti de réserves, au budget 2016.
Prônant une «lecture flexible» des règles budgétaires européennes, le gouvernement portugais s'est fixé néanmoins des objectifs ambitieux en matière de réduction des déficits et de croissance. Le gouvernement table ainsi sur une croissance de 1,8% et une réduction du déficit public à 2,2% du PIB en 2016, là où la Commission européenne, plus pessimiste, prévoit respectivement 1,5% et 2,7%.
Le gouvernement prévoit donc pour 2016 un déficit de 2,2% du PIB, un objectif revu plusieurs fois à la baisse sous la pression de Bruxelles, contre 4,4% en 2015. «Il n'y aura ni coupes salariales, ni augmentation des impôts directs sur les revenus du travail ou des entreprises, ni hausse de la TVA, ni baisses des retraites», a énuméré le ministre des finances portugais, M. Centeno, avant d'ajouter que le plan s'accompagne d'«une réduction constante de la dette» et des déficits.
La tâche s'annonce difficile, car pour réduire en 2017 le déficit public de 0,8 point de PIB par rapport à 2016, il faudrait réaliser des efforts de rigueur budgétaire supplémentaires d'environ 1,4 milliard d'euros. Parallèlement, le gouvernement a adopté un plan national de réformes qui table sur «l'accélération de l'investissement public» d'ici 2020, tout en réduisant le nombre de fonctionnaires.
La situation portugaise est loin d'être catastrophique puisqu’une des agences de notation, la canadienne DBRS, a maintenu une note acceptable, ce qui permet au pays de pouvoir emprunter à faible taux grâce à la politique de la BCE, malgré une dette qui représente encore près de 130% du PIB.
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