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Pour se protéger des migrants, l’Europe crée un corps de gardes-frontières

Symboliquement, c’est le 6 octobre 2016 que l’Europe installe son corps de gardes-frontières et de gardes-côtes. En fait, il ne sera vraiment opérationnel qu’à la fin de l’année. L’Union remplace Frontex en renforçant ses moyens de contrôle des migrants à ses frontières.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La frontière de barbelés entre la Hongrie et la Serbie érigée en 2015 pour bloquer le flux des migrants. (Attila Kisbenedeck/AFP)

«L’espace Schengen sans frontières intérieures ne sera pérenne que si les frontières extérieures sont efficacement sécurisées et protégées.» Ainsi s’exprime la Commission européenne. Aussi a-t-elle proposé de créer un corps européen de gardes-frontières et de gardes-côtes, pour «faire face aux nouvelles réalités politiques auxquels l’Union européenne est confrontée en ce qui concerne tant la migration que la sécurité intérieure.»
 
Selon la Commission, plus de 1,5 million de personnes ont franchi illégalement les frontières de l’Europe en 2015. «Nous devons renforcer Frontex de manière significative pour le faire évoluer vers un système européen de gardes-frontières et de gardes-côtes qui soit pleinement opérationnel», déclarait Jean-Claude Junker, le président de la Commission européenne.
 
Car Frontex, créée en 2004, n’a ni pouvoir, ni moyens matériels propres. Sa mission relève de la coordination des opérations.
Aussi, la nouvelle agence veillera à l’application par tous les pays des normes de l’Union pour la gestion des frontières. Elle s’assurera de l’efficacité de la surveillance de ces frontières, analysera les risques, ainsi que de la vulnérabilité des installations. Les Etats membres devront «prendre les mesures pour remédier à tout manquement établi».

1500 hommes 
Pour les moyens, il s’agit d’abord des personnels et des matériels de chaque pays membre.
Mais le corps européen aura également ses propres gardes et matériels. Que ce soit dans le domaine aérien et bien sûr nautique, dont on mesure la nécessité sur l’Est-méditerranéen. Ces moyens pourront être déployés sur une frontière en cas de forte tension, soit de la propre initiative de l’agence, soit à la demande de l’Etat membre.
 
Un corps de réserve doit être mis sur pied, d’un effectif de 1500 gardes et autres agents. Des personnels prêts à intervenir rapidement en cas de crise grave. On pense notamment à l’afflux de migrants sue les îles en Grèce.
 

Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, a affirmé que le corps sera opérationnel d’ici à la fin de l’année. «Le projet est très clair: mettre en œuvre le corps européen de gardes-frontières et gardes-côtes avant la fin de l'année, avec tout ce que cela implique.» a-t-il déclaré à la télévision.
La première mission assignée sera de renforcer la surveillance de la frontière entre la Bulgarie et la Turquie. Jean-Claude Juncker veut y voir 200 hommes et 50 véhicules dès le mois d’octobre.

Condamnation des ONG 
A l’image de Migreurop, les associations d’aide aux migrants ne voient pas d’un bon œil le renforcement des dispositifs européens.
«L’Union européenne a fait le choix d’augmenter les moyens dédiés à l’expulsion, au contrôle, et aux activités de coopération hors de son territoire, au mépris des droits des migrants et des réfugiés.»
Une opinion qui n’est pas partagée par un haut-fonctionnaire français sous couvert d’anonymat sur le site Atlantico. «Il ne faut pas en attendre de miracles» dit-il, et de rappeler la technique des passeurs qui consiste à lâcher les migrants à proximité des bateaux de Frontex.
 
Pendant ce temps, en mer Méditerranée, l’afflux des migrants ne se tarit pas. 6500 ont été secourus le 3 octobre 2016, 3000 le lendemain au cours de 30 opérations de sauvetage coordonnées par les gardes-côtes italiens. Depuis le début de l’année, le nombre d’arrivées en Italie devrait dépasser les 110.000. La quasi-totalité de ces migrants sont originaires d'Afrique de l'Ouest ou de la Corne de l'Afrique précise l’AFP.

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