Référendum sur la sortie de l'UE : dans la tête de David Cameron en gifs
Le Premier ministre du Royaume-Uni a lancé son pays sur les rails d'un référendum sur son maintien dans l'Union européenne. L'issue de la consultation est incertaine.
Au Royaume-Uni, la marche vers le référendum sur une éventuelle sortie de l'Union européenne est lancée. Le projet de loi pour la tenue de la consultation, initié par David Cameron, qui a triomphé aux dernières législatives, a été annoncé par la reine elle-même au Parlement, mercredi 27 mai. Dès le lendemain, le gouvernement a présenté son texte détaillant les modalités du référendum, qui se tiendra d'ici fin 2017. La question est d'envergure, et David Cameron, reçu jeudi soir par François Hollande, va devoir louvoyer dans des eaux dangereuses.
Il veut voter "oui"...
Le Premier ministre du Royaume-Uni n'a pas manqué de faire remarquer qu'il était favorable au maintien de son pays dans l'Union européenne. La question au référendum sera d'ailleurs : "Le Royaume-Uni doit-il rester membre de l'UE ?" Les europhiles seront donc dans le camp du "oui", à connotation positive.
... mais il doit tenir compte d'une partie de son électorat qui pense "non"
Mais le "oui" de Cameron se nuance d'un "mais". En somme : d'accord pour rester dans l'Union européenne, mais dans une union réformée. Car, s'il a été brillamment réélu, le Premier ministre compte dans ses rangs de nombreux opposants au maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne. Dès 2013, il était sous la menace d'une scission d'une centaine de députés eurosceptiques de son parti. Il avait alors dû annoncer en catastrophe le dépôt d'une proposition de loi pour la tenue d'un référendum d'ici fin 2017. Quant à son récent succès électoral, il le doit en partie aux faibles scores du parti europhobe Ukip, à qui il a coupé l'herbe sous le pied. Le Ukip n'a remporté qu'un siège aux élections législatives début mai, mais le parti avait réalisé une surprenante percée un an plus tôt, raflant 17% des voix aux élections locales.
Il se croit en position de force...
Depuis la crise économique en 2008, se maintenir au pouvoir est une gageure en Europe. Italie, France, Espagne : les têtes des chefs d'Etat sont tombées. Avec Angela Merkel, David Cameron est le seul dirigeant d'un grand pays européen à avoir été réélu. Il en tire une forte légitimité démocratique et n'hésite pas à en user sur la scène intérieure en critiquant l'Union européenne. Pour Le Figaro, "la pantomime du bras de fer [avec l'UE] permet d'acheter à bon compte le soutien des tabloïds et de l'opinion intérieure".
... mais ses partenaires européens ne sont pas tous conciliants
Mais David Cameron n'est pas seul et il doit composer avec ses partenaires. C'est pourquoi il entame avec les Pays-Bas et la France une grande tournée européenne pour brosser ses partenaires dans le sens du poil et défendre son plan de réforme de l'UE. Déjà, Berlin et Paris ont laissé entendre qu'ils ne voulaient pas renégocier les traités. Pour le ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius, qui juge le projet de référendum "très risqué", les Britanniques "ont adhéré à un club de football. On ne peut pas dire au milieu du match, maintenant on va jouer au rugby. C'est l'un ou l'autre".
Il dit qu'il veut rester dans l'UE...
Dans l'UE, ce que les Britanniques et la City préfèrent, c'est le marché unique. Il permet notamment aux capitaux, biens et services de circuler aussi librement qu'à l'intérieur d'un même pays. Quitter l'Europe serait s'en priver et plomber la compétitivité. David Cameron est favorable à plus de libre-échange. Il souhaite d'ailleurs obtenir des accords commerciaux avec les Etats-Unis, déréguler le temps de travail et s'attaquer à la Politique agricole commune (Pac).
... mais il veut une Europe à la carte
Si David Cameron attend plus de l'UE d'un côté, il en veut moins de l'autre. Le dirigeant britannique aimerait que Bruxelles se mêle moins des affaires de son pays. Il aspire notamment à rapatrier certains pouvoirs au nom de la souveraineté du Parlement britannique et à durcir les conditions d'accès aux aides sociales pour les migrants de l'UE. Il voudrait aussi un droit de veto pour éviter d'appliquer les directives européennes qui lui déplaisent.
Il voudrait aller vite...
Pour parvenir à ses fins, il serait préférable que David Cameron aille vite. Il est soumis à la pression des eurosceptiques qui sont pressés et réclament un scrutin en 2016, aux milieux d'affaires qui redoutent que l'économie se détériore avec l'incertitude sur l'issue du scrutin et aux élections françaises (présidentielle) et allemandes (législatives) qui se tiennent en 2017.
... mais le processus de décision est trop lent
Seulement les processus de décision sont lents. David Cameron n'obtiendra pas une révision de traités d'ici 2016. Etant donné le manque de temps, le mieux que le Britannique puisse obtenir en matière de grandes réformes serait la promesse d'une modification ultérieure des traités. Reste des changements législatifs à la marge. Mais les eurosceptiques ne manqueraient pas d'exploiter ces résultats décevants lors de la campagne du référendum.
Au final, il joue avec le feu
Finalement, David Cameron cherche à aiguiser la peur du "Brexit" (sortie de l'Union européenne des Britanniques) chez ses partenaires pour obtenir des concessions et privilèges. Mais la bombe pourrait lui éclater dans les mains si les Britanniques votaient "non" au référendum. La sortie pourrait être plus coûteuse qu'il n'y paraît, explique L'Expansion. Droits de douane, perte d'influence diplomatique, difficultés pour négocier dans les marchés émergents : autant de nouveaux handicaps, tandis que l'UE se séparerait du poids financier de la City, plateforme privilégiée pour les transactions en euros. Une anomalie.
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