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"Retour dans le passé" ou "triomphe de la vie", la presse espagnole divisée sur la loi anti-avortement

Le parti populaire au pouvoir en Espagne a adopté, vendredi, un projet de loi très restrictif en matière d'avortement. Revue de presse.

Article rédigé par franceinfo
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Des Espagnols manifestent à Madrid contre la loi anti-avortement adoptée par le gouvernement, le 20 décembre 2013. (JAVIER SORIANO / AFP)

"L'avortement ne peut pas être un droit, c'est une exception." La ministre de l'Education et de l'Egalité espagnole a enfoncé le clou, samedi 21 décembre, après l'adoption la veille par le gouvernement conservateur d'un projet de loi très restrictif sur l'avortement dans le pays. "Retour dans le passé" ou "engagement pour la vie", la presse espagnole est divisée sur ce sujet hautement sensible dans la péninsule.

"L'inaceptable soumission aux branches les plus rétrogrades de l'Eglise"

"Préparons-nous à souffrir", attaque Berna González Harbour, vice-présidente de El Pais, dans un billet (lien en espagnol) au vitriol intitulé "Victime, oui, de Gallardón [le ministre de la Justice espagnol]". "La nouvelle loi retire des droits aux femmes pour les donner à l'embryon, comme si les droits étaient un bien rare et limité à répartir entre des fauves se battant pour une petite part", assène-t-elle dans les colonnes de ce quotidien de centre-gauche.

"Avec cette loi, le gouvernement confond morale privée et morale publique", regrette de son côté l'éditorial (lien en espagnol) de El Pais titré "Retour dans le passé". Et de dénoncer "l'inacceptable soumission du gouvernement aux branches les plus rétrogrades de l'Eglise catholique".

Tandis que dans une tribune (lien en espagnol)Joaquim Bosch, magistrat et porte-parole d'une association de juges progressistes, évoque "une preuve d'autoritarisme en matière pénale" pour "imposer une morale déterminée". Il souligne également l'accroissement des inégalités entre les femmes aux revenus conséquents qui pourront aller avorter à l'étranger et les autres.

"L'équilibre entre les droits de la femme et ceux de l'embryon"

A l'opposé, le quotidien de centre-droit El Mundo considère dans une tribune non-signée (lien en espagnol) que cette loi est plus en adéquation avec la Constitution. "Partant de principes différents de la précédente loi", celle-ci maintient "l'équilibre entre les droits de la femme et ceux de l'embryon", écrit le journal. Qui avertit néanmoins que "la réalité des pratiques, particulièrement dans les cliniques privées, ne changera que très peu".

"C'est un engagement pour la vie", salue dans la même veine Alfonso Ussía dans un billet (lien en espagnol) publié par La Razón, quotidien catholique, royaliste et nationaliste. L'auteur se satisfait au passage de la tenue d'un engagement électoral mettant fin à une "réforme socialiste inattendue, inutile, extrêmement préjudiciable et erronée", "un échec moral collectif".

Plus modéré, le quotidien conservateur ABC (lien en espagnol abonnés), souligne que cette nouvelle loi "rend légalement visible le fœtus comme l'un d'entre nous, même s'il n'est pas encore né". Mais "la tâche continue" malgré les améliorations apportées par la loi, considère ABC.

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