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Revenu universel: les expériences ne sont pas généralisables à l'UE
Valéry Lerouge, le correspondant de France 2 à Bruxelles, a interviewé Grégory Claeys, chercheur en économie au think tank Bruegel, sur les travers et les vertus d'un revenu universel. Lequel serait, selon lui, «inimaginable» au niveau européen.
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Quelles sont les expériences de revenu universel qui peuvent inspirer l’Europe?
Il n’y a pas eu d’expérience à très grande échelle, au niveau d’un pays entier, à économie de marché. Seul le Koweit y a réellement recouru, mais il s’agit d’une économie de rente pétrolière, qui n’est pas du tout représentatif. Certes, des expériences ont été menées à petite échelle dans des villes de pays émergents, en Inde ou en Afrique, mais c’est impossible d’en tirer un bilan transposable dans un pays européen.
Quelles sont à vos yeux les principaux travers et vertus d’un revenu universel?
La première vertu est la lutte contre la pauvreté. En France, par exemple, des milliers de personnes sont éligibles au RSA mais ne le perçoivent pas, parce qu’elles ne le savent pas ou qu'elles trouvent ça compliqué. Un revenu universel réglerait le problème et éviterait à des familles de sombrer dans la misère.
Autre argument d’avantage mis en avant par les gouvernements plus libéraux (c’est le cas en Finlande) : un revenu universel simplifierait la protection sociale et permettrait de réduire l’administration du pays.
Mais les travers sont nombreux. Le principal risque est une «désincitation» au travail, notamment pour les emplois mal payés et emplois pénibles. Cela deviendrait de plus en plus difficile de trouver des candidats à ces postes. Le curseur du montant du revenu universel sera primordial. Et une baisse d’actifs réduirait d’autant les rentrées de cotisations sociales. Le financement sera de toute façon complexe, car la réallocation des actuels revenus sociaux ne suffirait pas à financer un revenu universel.
Est-ce qu’un revenu universel européen est concevable?
Non. Il y a des traditions et des approches de la solidarité trop différentes. Au Danemark, par exemple, un chômeur peut percevoir une allocation pendant quatre ans, à hauteur de 60% de son ancien revenu, c’est beaucoup… Dans le même temps, la Hongrie limite l’allocation à 3 mois. A 28, c’est inimaginable de concevoir un revenu universel, tant certains Etats mettent en avant la solidarité quand d'autres ont une culture plus individualiste.
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