Rome : des supporters de Feyenoord vandalisent une fontaine du XVIIe siècle
Conçue par Le Bernin, la fontaine de la Barcaccia a été endommagée par des hooligans néerlandais, jeudi 19 février, avant le match de Ligue Europa entre l'AS Roma et Feyenoord.
"Il y a des dommages irréversibles." Venus au chevet de la fontaine de la Barcaccia, à Rome (Italie), les experts se montrent pessimistes. Ce joyau du XVIIe siècle a été la cible de multiples dégradations, jeudi 19 février, quand des supporters néerlandais de Feyenoord ont investi la place d'Espagne.
Des griffures sur le marbre et des fragments brisés
Les techniciens du ministère des Biens culturels ont récupéré des dizaines d'éclats de verre et ont constaté des griffures sur le marbre. Pire, plusieurs fragments du monument ont cédé, explique le Corriere della sera (en italien). Les experts ont ramassé un morceau du lustre central de la cuve, long de dix centimètres. "C'est du vandalisme gratuit", résume Claudio Parisi Presicce, un responsable de l'organisme chargé du patrimoine de Rome. L'affront est d'autant plus mal vécu que la fontaine avait fini d'être restaurée en septembre dernier, après avoir bénéficié d'un mécénat privé de 200 000 euros.
Dutch embassy in Rome:"Feyenoord fans caused only light damages". Pic: piece of boat fountain(1629)thrown in water pic.twitter.com/NrYqhdTJag
— Tancredi Palmeri (@tancredipalmeri) 19 Février 2015
Jeudi après-midi, avant le 16e de finale de la Ligue Europa, plus de 500 supporters néerlandais, passablement éméchés, lancent des bombes fumigènes et autres projectiles sur la police au milieu de la place d'Espagne, l'une des plus belles de la ville. Seize policiers sont blessés et vingt-trois supporters sont interpellés. Les commerçants du secteur sont contraints de fermer boutique, entraînant un manque à gagner de plus de 3 millions d'euros, selon les calculs de la Confcommercio, l'équivalent italien du Medef.
Dans la matinée, les hooligans ont utilisé Twitter pour se donner rendez-vous sur la place d'Espagne, selon plusieurs médias, dont La Stampa (en italien). La gestion de ces supporters par la police locale est au cœur d'une polémique. Autre dysfonctionnement : le préfet a attendu le soir pour réclamer l'interdiction de la vente d'alcool dans le centre-ville. Après les heurts, les Romains ont également découvert ces autocollants, qui laissent peu de doute sur les intentions initiales des hooligans.
Les autocollants laissés dans Rome par les supporters de #Feyenoord. #ASRoma #TristeMonde pic.twitter.com/546Dc1yG7h
— ENAULT Marianne (@MarianneEnault) 19 Février 2015
Et maintenant, qui va payer ?
Les images ont indigné l'Italie et l'affaire prend désormais un tour diplomatique. "Rome dévastée et blessée. En contact avec le préfet, la police et l'ambassade des Pays-Bas. Ça ne s'arrêtera pas là", a commenté le président du Conseil, Matteo Renzi. Le gouvernement néerlandais a aussitôt garanti sa "coopération" et son "engagement" à "punir" les coupables, imité par l'ambassade des Pays-Bas à Rome.
En attendant, qui va payer ? Selon le maire de Rome, Ignazio Marino, "qui détruit, paie". Mais, après un entretien téléphonique avec l'ambassadeur néerlandais, l'élu précise déjà que les Pays-Bas n'auraient pas l'intention de mettre la main à la poche. "Il est encore trop tôt pour dire que nous n'allons pas payer", a répondu Aart Heering, porte-parole de l'ambassade. Ignazio Marino est furieux. Interrogé par La Repubblica (en italien), le maire propose que les équipes engagées dans des compétitions internationales financent un fonds spécial, afin d'indemniser les municipalités touchées par ce genre d'incidents.
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