Roms : comment la France utilise les milliards de Bruxelles
"On a mis de l'argent sur la table (pour aider les
roms). Il y a 50 milliards d'euros qui sont à disposition et qui ne sont pas
utilisés. Je me demande pourquoi. " C'est la réponse de Viviane Reding à
Manuel Valls ce mercredi matin sur France Info après les déclarations
polémiques du ministre de l'Intérieur sur les roms.
►►►A écouter : "L'Europe a mis sur la table 50 milliards d'euros"
Pour les roms... mais pas seulement
En clair : Bruxelles reproche à la France de privilégier les
évacuations de camps au lieu d'accompagner les 20.000 à 25.000 gens du voyage de France
sur la voie de l'intégration. Un reproche qui n'est pas nouveau dans la bouche de la commissaire
européenne (voir : la passe d'arme entre Bruxelles et Nicolas Sarkozy sur la
question en 2010) mais est-il justifié ?
Les 50 milliards d'euros avancés par Viviane Reding concernent
en fait des fonds mis à disposition des 28 Etats membres de l'UE : le Fonds
social européen (FSE), le Fonds européen de développement régional (Feder) ou
encore le Fonds européens agricole pour le développement rural (FEADER) ainsi
que d'autres sources de financement mineures. Ces sources de financement sont mis
à disposition pour gérer l'ensemble des problèmes d'intégration sociale. Cette
enveloppe peut donc concerner les roms, tsiganes et autres gens du voyage, mais
pas seulement.
Au nom de "la tradition républicaine "
Combien touche la France pour aider les roms, tsiganes ou
gens du voyage ? Impossible de le savoir précisément. La répartition des aides
européennes se fait en fonction d'un document que chaque pays a envoyé à
Bruxelles en 2011, la stratégie nationale d'intégration des roms. Mais dans son
document, Paris a été clair : "le terme 'Roms' renvoie à une notion
ethnique qui est inopérante en droit français (...) La tradition républicaine
française ne permet d'envisager des mesures spécifiquement ciblées sur un
groupe ethnique ". Les politiques d'insertion sont donc susceptibles de
concerner les roms tout comme d'autres populations vulnérables.
Pour autant, quelques indices permettent d'avoir une idée de
l'utilisation de la manne européenne pour les gens du voyage en France. Au sein
du FSE (5 milliards d'euros), Bruxelles a compté 53 projets français d'insertion
professionnelle en faveur des gens du voyage pour un coût supérieur à 4
millions d'euros. Il s'agit notamment du financement d'un "village
d'insertion" à Lille. Concernant le Feder, huit projets comportent le nom
"gens du voyage" ou "roms" dans leur intitulé. Répartis sur
six régions, ils ont été cofinancés par l'UE à hauteur de 1,5 million d'euros. Huit
projets... sur un total de 3.858. Certains de centaines de projets pourraient aussi financer des actions en faveur des roms sans que ce soit clairement explicité. Mais là encore... impossible de le savoir précisément.
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