Roumains et Bulgares sont libres de travailler partout dans l'Union européenne
La levée des dernières restrictions européennes sur le marché du travail pour les Roumains et les Bulgares inquiètent certains pays, mais Bucarest et Sofia tempèrent ces craintes.
Depuis mercredi 1er janvier, Roumains et Bulgares peuvent travailler librement dans l'ensemble de l'Union européenne. Sept ans après l'accession de leurs pays à l'UE, la levée des dernières restrictions sur le marché du travail pour les Roumains et les Bulgares dans neuf pays de l'UE (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, Grande-Bretagne, Luxembourg, Malte, Pays-Bas) n'a rien d'un "big bang" puisque 17 autres Etats, dont l'Italie ou la Suède, ont déjà franchi le pas depuis des années.
Sur un des marchés du centre de Bucarest, nombre de passants et de commerçants avouaient "ne pas bien savoir" ce qui changeait au 1er janvier et n'avoir aucun plan de départ. Le Premier ministre roumain Victor Ponta et les responsables bulgares assurent régulièrement qu'il n'y aura pas de vague d'émigration à partir de mercredi.
Inquiétudes à Londres et à Berlin
"Les citoyens (...) veulent un bon travail, un bon revenu et la justice dans leur patrie, pas s'acheter un aller simple pour quitter la Bulgarie !", a encore martelé mardi soir le président bulgare Rossen Plevneliev, lors de ses vœux à ses compatriotes. Nombre d'analystes indépendants en Roumanie et en Bulgarie soulignent l'impossibilité d'évaluer précisément le nombre des candidats au départ, mais estiment que les grandes vagues d'émigration ont déjà eu lieu. "Cela cause de l'agitation surtout en Grande-Bretagne et en Allemagne" où une partie de la presse et des hommes politiques brandit la menace d'une "invasion", relevait mardi le quotidien roumain Romania Libera, le seul à consacrer un article à ce sujet à la veille du 1er janvier.
Au Royaume-Uni, jusqu'au dernier moment, des membres du Parti conservateur ont pressé le Premier ministre britannique David Cameron de repousser l'ouverture du marché du travail en estimant que "la vague d'immigrants roumains et bulgares pèsera sur les services publics". Mais le chef du parti, Grant Shapps, a souligné qu'il n'était pas possible d'y surseoir. Des responsables roumains et bulgares et même un Commissaire européen ont dénoncé le ton du débat à Londres.
En Allemagne, le parti conservateur bavarois, allié de la chancelière Angela Merkel, a également tempêté contre la levée des restrictions, l'associant à un risque accru "de fraude aux prestations sociales". Mais le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert, a rétorqué que la "libre circulation des personnes est une chance pour les Allemands et l'Allemagne".
Salaires bas
En Espagne, pays frappé par la crise qui accueille déjà un million de Roumains et de nombreux Bulgares, la fin des restrictions sur le marché du travail n'a pas suscité de controverse majeure. "La grande majorité des Roumains est très bien intégrée", a indiqué l'ambassadeur d'Espagne en Roumanie Estanislao de Grandes Pascual.
Depuis la chute du communisme, environ trois millions de Roumains et un million de Bulgares ont émigré, pour leur très grande majorité en Espagne et en Italie. France et Grande-Bretagne ont aussi recruté des milliers de médecins et d'aides-soignantes. De nombreux Roumains et Bulgares veulent toutefois rester malgré les salaires bas, le manque de confiance dans la classe politique et le délabrement des services de santé.
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