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Samaranch : la mort d'un marquis olympique controversé

Le président d'honneur du Comité international olympique, l'Espagnol Juan Antonio Samaranch, est mort des suites d'un accident cardiaque à Barcelone. Il a régné pendant 21 ans sur le mouvement olympique et lui a donné un essor inédit. Mais celui qui a été fait marquis par le roi d'Espagne est aussi un homme controversé en raison de ses sympathies franquistes et des soupçons de corruption qui pèsent sur lui.
Article rédigé par franceinfo
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Juan Antonio Samaranch est une énigme. Avec ses ombres et ses lumières si contrastées, il a l'étoffe de ceux qui inspirent cinéastes et romanciers. L'homme qui a fait du mouvement olympique ce qu'il est aujourd'hui s'est éteint dans une clinique de Barcelone, des suites d'un accident cardiaque : une insuffisance coronarienne aiguë. Il avait été admis ce mardi dans un “état très grave” et compte-tenu de son âge - 89 ans - et de ses problèmes chroniques de santé qu'il a connus ces dernières années, les médecins ne se montraient pas optimistes.

Juan Antonio Samaranch restera comme l'homme passionné de sport qui a donné des ailes au mouvement olympique. Président du CIO de 1980 à 2001, et président d'honneur jusqu'à la fin, il a rempli les caisses en négociant des droits télévisuels faramineux et des partenariats juteux, dont les JO d'Atlanta, en 1996, restent le symbole. Ils ont même gagné le surnom de “jeux Coca-Cola” en raison de l'omniprésence du généreux parrain. Le boycott des jeux de Los Angeles en 1984 par les pays du bloc de l'Est n'aura été qu'un accident de l'Histoire. En activant ses réseaux, qu'il savait cultiver à la perfection, Juan Antonio Samaranch a convaincu de plus en plus de pays de se ranger sous la bannière aux cinq anneaux.

LE COTE SOMBRE

Cette véritable refondation de l'olympisme a eu son “côté pile”. Le débat fait rage entre les pro et les anti. Ces derniers dénonçant une dilution des valeurs de l'olympisme dans l'argent et la politique. Les affaires de corruption qui planent au-dessus de Juan Antonio Samaranch - mis en accusation par les Etats-Unis et relaxé uniquement grâce à son statut - et les Jeux de 2008 attribués à Pékin, régime pour le moins autoritaire, ont contribué à la diffusion de ce parfum. Le déclenchement d'une guerre entre la Russie et la Georgie la veille de l'ouverture de ces Jeux, a ravalé la trêve olympique au rayon des utopies. Samaranch avait passé la main bien-sûr. Mais son successeur, Jacques Rogge, a poursuivi sa politique.

Honoré dans son pays, qui lui doit les Jeux de Barcelone en 1992, Juan Antonio Samaranch a été fait marquis par le roi d'Espagne. Il a été ambassadeur en URSS et ministre... sous Franco. Car ce Catalan n'a jamais caché son admiration pour l'homme fort de Madrid. Il a qualifié le règne du Caudillo d'“ère de prospérité et de paix” pour l'Espagne. A côté de cela, certaines rumeurs insistantes font de lui un agent du KGB. Il n'a jamais pris la peine de démentir sérieusement. Ombres et lumières, toujours.

Grégoire Lecalot, avec agences

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