Sur le Mont Gourougou, les migrants rêvent d’Europe
Au loin, on distingue quelques ombres furtives, cachées derrière les arbres. Il faut grimper haut pour atteindre leur campement. A flanc de colline, sous les pins, les migrants ont installé des tentes, des matelas et quelques couvertures. C’est tout ce qu’ils ont.
Ils sont environ 400 à vivre là. Il y a le camp Ivoirien, tout en haut, et plus bas le camp sénégalais, guinéen, malien, et camerounais. Autour d’un feu, on cuisine de la bouillie de farine, mélangée à des sardines en boîtes. Des migrants jouent au foot pour tuer le temps. Le regard inquiet, triste, fatigué, ils craignent de voir surgir à tout moment les militaires marocains qui viennent quotidiennement détruire leur camp et leur donner des coups de matraque.
"En Europe on trouve d'abord la liberté de vivre"
D’ici, on aperçoit au loin l’enclave espagnole de Melilla, ce confetti posé sur le littoral nord-est, seule frontière terrestre entre l’Afrique et l’Europe. Assis sur une pierre, le regard tournée vers Melilla, Abdulaye, 23 ans, a tenté une vingtaine de fois de franchir la clôture barbelée. Il a fui Abidjan en Côte d’Ivoire et vit à Gourougou depuis 2 ans : "C’est pas facile en Afrique lorsqu’on rentre en Europe on trouve la liberté de vivre d’abord" .
Sidy, lui, a quitté Dakar au Sénégal il y a trois ans, et comme tous les autres il rêve de rentrer en Europe : "Tu grandis dans la galère, tu meurs dans la galère. L’Europe c’est différent, on voit nos frères partir en Europe, revenir, et faire quelque chose pour leur famille c’est ça qui nous motive pour aller en Europe".
Sur le chemin du retour, Fofana l'ivoirien fredonne une chanson de chez lui. Une chanson sur l’accueil que réservaient ses ancêtres aux étrangers. "Pourquoi les Européens nous ferment-ils leur portes ? Pourquoi ils ne nous aident pas ?" . Sa voix se brise : "C’est trop dur quand tu penses à ça" . Dans quelques jours, il retentera sa chance sur la clôture de fer.
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