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UE : Varsovie plombe les débuts de la présidence française

Ce matin, au premier jour de la présidence française de l'Union européenne, le président polonais Lech Kaczynski s'est déclaré opposé à la ratification du traité de Lisbonne. La France tente de colmater cette nouvelle voie d'eau en "annonçant des discussions avec les autorités polonaises".
Article rédigé par franceinfo
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En plus de Dublin qui se rebiffe et de Prague qui s'interroge, Varsovie souffle le chaud et le froid. C'est dans une interview à un journal polonais que le président Lech Kaczynski a choisi de faire éclater sa bombe. Prié de dire s'il signera le traité, qui a déjà été approuvé par les deux chambres du parlement, Kaczynski répond: “C'est désormais inutile”. Il estime que le “non” irlandais a cloué le cercueil du traité de Lisbonne, comme les “non” français et néerlandais avaient coulé le traité constitutionnel. “Pour le moment, la question du traité est sans objet”, renchérit-il.

Malaise à Paris, où le président de la République déclarait pas plus tard qu'hier que la priorité était de “circonscrire le problème aux Irlandais”. La présidence française se retrouve donc à devoir jouer les pompiers à l'est de l'Union en plus de l'ouest.

Partenaire difficile

L'Elysée a donc organisé une conférence de presse en urgence pour tenter de limiter les dégâts. Et d'abord en minimisant la portée de la nouvelle : “Ce n'est pas un refus polonais de ratifier. Le président polonais a dit que pour le moment il a choisi de surseoir à la signature de cette ratification”, souligne un porte-parole. “On va reprendre les discussions”, affirme un proche du dossier. “Le président polonais n'a jamais été un partenaire spécialement facile de la construction européenne”, ajoute-t-il. Mais il ne voit “pas comment il pourrait défier la volonté du Parlement” polonais, qui a voté la ratification du traité de Lisbonne.

En Pologne même, la sortie du président a jeté un froid. Le président de la Diète, la chambre basse du parlement s'est dit “surpris” et “inquiet”. Quand au premier ministre, le libéral Donald Tusk, qui a battu les conservateurs de Kaczynski aux élections (il a remplacé son frère jumeau au poste de premier ministre) appelle le président à revenir sur sa position : “ce n'est pas ainsi que l'on construit la position de la Pologne dans le monde”, morigène-t-il.

Bruxelles s'est aussi empressé de rappeler que la Pologne s'est engagé à ratifier le traité par voie parlementaire. Mais cette nouvelle rebuffade risque de renforcer les eurosceptiques en République Tchèque, où la ratification est loin d'être acquise. Ce serait alors un nouvel enterrement de première classe pour un traité européen.

Grégoire Lecalot, avec agences

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