Ukraine: le concours de l'Eurovision aura-t-il lieu?
Kiev a obtenu l’organisation de l’Eurovision grâce à la victoire, en 2016, de l’Ukrainienne Jamala, une Tatare de Crimée, avec une chanson (en anglais) baptisée «1944». Laquelle a été composée en mémoire de ses ancêtres déportés par Staline. Rappelons que la Crimée, péninsule russe offerte par Nikita Krouchtchev à l’Ukraine en 1954, a été annexée par la Russie en mars 2014.
Lors de l’attribution du prix à Jamala, Moscou avait dénoncé la victoire «politique» de la candidate ukrainienne.
En raison de cette victoire, Kiev doit donc organiser l’édition 2017 de l’Eurovision. Un concours, «regardé par 180 millions de personnes dans le monde entier» et «souvent comparé à des évènements internationaux majeurs comme la Coupe du monde de football ou les Jeux olympiques», observe le très sérieux quotidien américain New York Times.
Pour cette raison, en 2017, l’affaire prend une tonalité particulière avec la guerre qui se déroule dans le pays. De nouveaux combats opposent actuellement l’armée ukrainienne et les rebelles séparatistes prorusses.
En septembre 2016, Kiev avait déjà fait savoir que seraient bannis du concours les chanteurs russes placés sur liste noire par ses services de renseignement en raison de leur soutien affiché aux séparatistes.
Quid des appels d’offres?
Mais ce ne sont apparemment pas des raisons politiques qui ont amené 21 des membres de l’équipe organisatrice, parmi lesquels le responsable de l’évènement, à présenter leur démission. Dans une lettre publiée par le site (ukrainien) Strana et citée par le Guardian britannique, ils disent se sentir marginalisés depuis la nomination, fin 2016, d’un nouveau coordinateur. En l’occurrence le directeur adjoint de la télé d’Etat ukrainienne (UA:PBC), Pavlo Hrytsak.
Dans le même temps, les signataires expriment leur inquiétude devant le manque de transparence des décisions prises. Certains se demandent ainsi si les appels d’offres nécessaires pour les installations ont vraiment été lancés. Alors que le Bureau national de lutte contre la anticorruption en Ukraine a ordonné en février l’arrêt la vente de la vente de billets pour le concours. Motif : des vendeurs se seraient plaints qu’un distributeur n’avait pas été sélectionné de manière transparente.
Dans un communiqué, l’Union européenne de radio-télévision a insisté «sur l’importance d’une mise en œuvre rapide et efficace des plans convenuus» avec les Ukrainiens. «Nous nous en tenons aux délais prévus (…) pour assurer le succès de l’entreprise», ajoute l’organisation. De son côté, Pavlo Hrytsak, cité par le Guardian, affirme que les responsables de l’édition 2017 collaborent étroitement avec l’UER et que «tout se passe conformément aux prévisions». Quant au Premier ministre, Voldymyr Groysman, il estime que son pays prépare le concours «correctement». Et qu’«absolument rien ne menace l’Eurovision».
Un optimisme qui n’est peut-être que de façade… Car à la fin de 2016, des responsables de la télévision ukrainienne ont fait savoir que leur pays pourrait se révéler incapable de l’organiser en raison des coûts engendrés. De son côté, l’Eglise orthodoxe n’hésite pas à donner de la voix. Elle a ainsi qualifié de «blasphème» le choix, pour la cérémonie d’ouverture, de la cathédrale Sainte-Sophie de Kiev, datant du début du XIe siècle et classée au Patrimoine mondial.
Si le concours peut effectivement se tenir, c’est la chanteuse lyonnaise Alma qui représentera son pays avec la chanson «Requiem». Cela fait 40 ans que la France n’a pas gagné l’Eurovision.
https://www.youtube.com/watch?v=JtgM7laoukA
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